Sans prendre de détour, le maire a identifié dans son allocution un problème d’attitude qu’il déplore chez certains de ses concitoyens. « J’ai l’impression que l’on consacre trop de temps à chialer et pas assez à faire bouger les choses », a-t-il déclaré. Il a ainsi tracé un parallèle entre les nouveaux résidents, qui, eux, paraissent « fiers de leur ville, positifs et emballés par ce qu’ils y découvrent », en contraste avec « certains Maskoutains et Maskoutaines de longue date qui sont malheureusement de moins bons ambassadeurs » pour leur milieu. Le maire Corbeil les a donc invités à prendre un peu de recul pour envisager notre ville sous un « nouveau regard, un regard plus positif », quitte à devoir « changer de paire de lunettes » pour y arriver.
Appels aux « fiers ambassadeurs »
Du même souffle, M. Corbeil a invité ceux qui appuient la vision du conseil à sortir de leur mutisme. « J’entends surtout des gens qui sont inquiets et plutôt négatifs [face] au changement. […] J’ai besoin des gens qui ont le goût du changement. J’ai besoin que vous vous manifestiez », a-t-il lancé.
Dès les premières minutes de son allocution, Claude Corbeil avait averti qu’à son sixième dîner du maire, il entendait faire les choses différemment. « Pas de bilan, pas de liste de projets, d’enjeux et de chantiers. […] Je vais vous parler de perceptions », a-t-il annoncé avant de distribuer une bonne dose d’optimisme à l’assistance. « Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous rendre fier d’être Maskoutain pour [que vous le disiez] à d’autres », a-t-il lancé.
Se surprenant lui-même à adopter un ton aussi « rêveur », un style qu’on lui connaissait moins, le maire Corbeil a ensuite voulu revenir dans le domaine du réel en décrivant la stratégie du conseil pour arriver à revitaliser le centre-ville, ce qu’il identifie comme le « vrai défi » à relever. Cette stratégie implique bien sûr tous les projets importants déjà annoncés, comme la future promenade Gérard-Côté, la Place des spectacles et la nouvelle bibliothèque, entre autres, mais aussi la volonté de densifier le centre-ville, même s’il ne s’agit « pas encore d’une vision partagée », a-t-il admis. M. Corbeil s’est néanmoins dit convaincu du « haut potentiel » des rives de la Yamaska.
Marcher et mâcher de la gomme… sur un fil de fer
Pour le maire, la stratégie à long terme qui est en train d’être échafaudée, notamment à travers le futur plan particulier d’urbanisme (PPU) du centre-ville élaboré avec l’apport du comité Chantier centre-ville, n’exclut en rien la réalisation d’actions à court terme. « On peut marcher et mâcher de la gomme en même temps », a-t-il tout bonnement imagé.
D’autant plus que le statu quo n’est plus une option, a-t-il de nouveau répété, alors « qu’on dit depuis 40 ans qu’il faut faire quelque chose » au centre-ville. Dans ce contexte, chaque décision relève de l’équilibrisme, a illustré le maire. « Si on va trop vite, on nous accuse de précipiter le changement sans consulter. Inversement, aux yeux de plusieurs, on nous reproche de ne pas agir alors qu’il y a urgence », a-t-il exposé.
Sur une note plus personnelle, Claude Corbeil a rappelé qu’il tient toujours à l’idée de faire de la Cascades une rue piétonne durant une certaine partie de l’été, initiative qui aurait déjà vu le jour si ce n’était pas de la résistance de certains commerçants, a-t-il indiqué. « J’invite ces mêmes commerçants à y repenser [une nouvelle fois] », a-t-il suggéré. Tant qu’à passer des messages, le maire a aussi fortement incité la communauté d’affaires à « investir notre centre-ville par [ses] idées, [son] engagement et [sa] fibre entrepreneuriale ».