On sait tous que notre vieux palais de justice, construit en 1963, est arrivé en fin de vie utile et qu’il doit faire l’objet de travaux majeurs. Sauf que la donne a changé récemment, s’il faut en croire la députée Chantal Soucy. On ne parle plus de faire du neuf avec du vieux, mais de tout raser et reconstruire, pour une facture de 80 M$. Cette solution semble la plus pertinente et conforme aux attentes du milieu.
Mais ces travaux obligent sa relocalisation, bien qu’une longue et complexe démolition et reconstruction par phase ait été évoquée. Question de tâter le terrain en vue d’un déménagement, un appel d’offres a été lancé. Si on examine les conditions recherchées, on se rend vite compte qu’il y a peu d’options au centre-ville pour accueillir un palais de justice temporaire. Il y en aurait une, mais la Ville y oppose un non catégorique. Cette solution impliquerait qu’elle mette sur la glace la relocalisation de sa bibliothèque et cède l’ancien immeuble de la Fédération des caisses Desjardins au gouvernement le temps nécessaire pour mener à terme ce grand chantier.
Dans la mesure où ce refus signifierait la relocalisation temporaire du palais de justice hors du centre-ville, il y a lieu de revoir la position municipale, ou à tout le moins d’étudier d’autres options. Malheureusement, la Ville semble se contenter de savoir que ce palais de justice restera sur son territoire à terme, et ce, peu importe où.
Je persiste à croire que la meilleure solution, et la plus économique, serait de maintenir le judiciaire dans le palais actuel le temps requis pour en construire un autre dans le stationnement voisin du centre des arts, que lorgnait Réseau Sélection. D’autres suggèrent l’idée que la Ville échange simplement l’immeuble de la fédé contre le palais de justice, en vue d’y reloger sa bibliothèque et Expression après rénovations défrayées en bonne partie par Québec. Pas bête, mais cette solution impliquerait l’éclatement du pôle culturel en devenir. Ouin, pis?
L’inquiétude derrière ces scénarios, c’est que la solution temporaire devienne permanente et qu’en envoyant le palais de justice à proximité de l’autoroute, nos juges et avocats ne reviennent plus jamais à leur point de départ. Et c’est justement la perte de professionnels qui fait tant mal au centre-ville depuis six mois.
Et si, après avoir investi quelques millions dans une solution de rechange qui fonctionne bien et fait le bonheur de tout le monde, Québec n’avait plus le goût ou les moyens d’investir des dizaines d’autres millions dans le vieux palais?
Alors, imposons le centre-ville et un choix sensé dès maintenant.