Yé! Engourdis par un interminable hiver, nos idéaux se remettent à grouiller le bout des doigts. La sève nous remonte l’intérieur, l’énergie nous poppe la tête pis tous les possibles sont des projets. Le soleil est de plus en plus fort, ça gazouille dans les branches pis le corps étudiant est sorti dehors pour le climat, la pancarte au vent pis nue-tête dans l’espoir. C’est le printemps.
Évidemment, ça nous remet dans la face toutes les saletés qu’on avait balayées sous le tapis blanc de l’hiver, toutes les petites crottes su’l cœur de la nature dans un mélange gris-brun de slush à saveur de calcium et d’exhaust nous sautent aux yeux. Mais d’un coup de balai, tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir, on va nettoyer à grande eau et les rues seront propres pour la prochaine manifestation.
Oh, et croyez-moi, il y en aura une autre. Pis une autre encore. Parce que la jeunesse le sait très bien qu’on balaie sous le tapis depuis trop longtemps. Qu’on est dû pour un grand ménage dans nos modes de vie, qu’il y a urgence climatique de mettre nos « énergies » à la bonne place et qu’enfin, enfin, les bottines suivent les babines.
Et si je suis convaincu que les jeunes vont continuer de marcher, c’est aussi parce qu’ils se contrefoutent des critiques. Ils sont imperméables aux insultes et résistent aux éteignoirs. Il n’y aura rien à faire pour les stopper, tant ils sont convaincus d’avoir raison : ils sont guidés par leur nature. Ils sont notre printemps.
Leur demander de rester à l’école plutôt que de manifester, c’est comme vouloir convaincre un arbre de ne pas bourgeonner. Vous pourrez bien lui crier après, le gazer pis le matraquer tant que vous voudrez, mais vous n’arrêtez jamais le printemps.