J’étais tranquille, tout seul dans mon char en train de me rendre quelque part pis vite, comme on fait d’habitude en char, quand tout à coup, sans que je le voie venir, on était rendus des centaines, tous seuls dans nos chars en train de nous rendre quelque part… mais ben plus lentement. Si lentement qu’à un moment donné, les piétons nous ont dépassés.
Si vous n’avez aucune idée de l’émotion qui m’a pris par le collet pis collé sur mon siège, vous n’étiez certainement pas derrière un volant dans le coin la semaine passée ou bedon c’était vous autres les piétons qui nous dépassaient!
Hey, je pensais que c’était long traverser la ville à cause des maudites lumières. C’était avant de passer ma soirée à juste espérer en pogner une! Rendus là, on aurait pu tous laisser nos chars sur place, aller faire nos courses et revenir les chercher quelques heures après, personne n’aurait vu la différence.
Ah, vous saurez que pour un automobiliste, y a rien de pire que de sentir l’objet qui vous propulsait se transformer en boulet. La toute puissante machine ramenée au rang de la marchette! Je vous dis pas la honte, le déshonneur, l’ignoble ignominie de constater que nous ne sommes qu’à un bris de la catastrophe. Que pour déstabiliser tout ce grand réseau, ça prend pas grand-chose, un petit ponceau pis on passe à la radio. Une artère bouchée pis c’est toute la ville qui sent les toasts brûlées. Quand même plate quand on se retrouve les culottes baissées à la moindre bretelle pétée.
Pis moé, tout seul dans mon char, devant et derrière du monde aussi tout seul dans leur char, à danser la « cha-cha-cha-1-2- gaz-break » pis à nous dire en écho : ça prend un 3e lien maskoutain!