À tour de rôle, plusieurs se sont présentées au micro pour aborder les impacts à prévoir à la suite de transactions immobilières présumées sur l’avenue Saint-François. « Je ne peux pas confirmer ou infirmer ça, c’est du privé. […] Ce que j’ai dit, c’est que la venue d’investisseurs à Saint-Hyacinthe est une bonne nouvelle. Pour le reste, c’est le privé qui va répondre », a commenté le maire Claude Corbeil. « Vous énoncez qu’il y a eu vente de propriétés [sur Saint-François]. Nous n’avons pas cette confirmation-là », a aussi réagi le directeur général, Louis Bilodeau, en réponse aux intervenantes.
Pour l’heure, l’entreprise Groupe Sélection a effectivement annoncé ses intentions de réactiver un projet au centre-ville de Saint-Hyacinthe, sans préciser d’emplacement. En cognant à quelques portes sur l’avenue Saint-François, LE COURRIER a pu constater que les résidents étaient au courant de pourparlers en cours au sujet d’éventuelles transactions, mais que rien n’était encore conclu. « La rumeur est vraie, et c’est sérieux », a tout de même commenté une personne qui réside sur place. L’identité de l’acquéreur demeure néanmoins inconnue.
Soucis pour le logement abordable
Devant le conseil, la citoyenne Sonia Chénier a demandé ce que la Ville comptait faire pour les locataires qui risquent d’être délogés, soulignant la présence de résidents aux revenus modestes dans le secteur, dont certaines personnes âgées qui y habitent depuis des décennies. « La préoccupation première du conseil, s’il y a des acquisitions faites par des [investisseurs] privés, c’est de relocaliser les citoyens », a exprimé le maire Corbeil. Plus tard en entrevue, il a précisé qu’il s’agissait d’abord de la responsabilité de l’acheteur, mais que la Ville comptait s’assurer que les relocalisations se fassent « de façon acceptable » et à la convenance des locataires touchés, en collaboration avec l’Office d’habitation . « On a déjà une expertise à ce niveau-là », a-t-il observé.
L’idée de faire participer les promoteurs privés à la création de logements abordables, par exemple par l’imposition d’un quota, a aussi été suggérée dans quelques interventions citoyennes. Le maire et le conseiller Jeannot Caron ont assuré qu’ils étaient déterminés à agir pour améliorer l’offre en matière de logements abordables, même si le comment reste encore à définir. « Le conseil a pris des engagements pour trouver et développer du logement social », a déclaré le maire, précisant que quelques « pistes de solutions » sont présentement étudiées pour préserver une « mixité sociale » au centre-ville.
Le conseiller David Bousquet, qui préside l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton, a rappelé que la réalisation d’un projet de logements sociaux et abordables est déjà en route sur l’avenue de la Concorde Nord, et qu’il y a « d’autres idées de projets dans les cartons » pour la suite. La citoyenne Suzanne Viens a tout de même souligné que, depuis l’annonce du projet Le Concorde, 35 logements abordables ont été détruits par la Ville à la suite de diverses acquisitions. M. Corbeil a reconnu le problème de pénurie de logements abordables à Saint-Hyacinthe, un enjeu qui a été mis en évidence lors des démarches pour relocaliser les sinistrés de la Place Frontenac, a-t-il souligné.
La citoyenne Chantal Goulet a quant à elle demandé si la Ville prévoyait vendre une partie du stationnement Intact, derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde, pour fournir de l’espace supplémentaire à un éventuel projet immobilier. Le maire n’a pas voulu s’avancer sur cette possibilité, mais le directeur général a tout de même souligné au COURRIER que la Ville était disposée à le faire en 2017 dans le cadre de la première mouture du projet du Groupe Sélection. L’entente prévoyait alors la construction d’une tour de quinze étages sur un terrain servant de stationnement municipal. Pour la suite, « on regardera les projets au mérite », a-t-il affirmé.
Préoccupation printanière
Autre inquiétude bien actuelle, la question des risques d’inondation a retenu l’attention de la citoyenne Nicole Jetté. Dans son intervention, elle a évoqué le danger « des travaux de pieutage, de creusage et du poids des constructions de huit étages » en bordure de rivière, à quelques mètres du mur qui doit prémunir le centre-ville contre les inondations. Pour le conseiller Caron, le fait que le roc soit si près de la surface dans cette portion du centre-ville, contrairement au sol argileux qui caractérise majoritairement le reste du territoire, est un facteur rassurant. « À ma connaissance, le mur fait la job », a répondu le maire, ajoutant que le conseil est actuellement en réflexion quant à savoir s’il faudrait relever la digue, dans un contexte de changements climatiques.
Le maire Corbeil a néanmoins réitéré sa vision de développement pour le centre-ville. « On s’attend et l’on espère qu’il y aura des investissements privés qui vont se faire le long de la bande riveraine », a-t-il soutenu. Tout projet à venir dans cette zone devra nécessairement être soumis au comité consultatif d’urbanisme et approuvé par le conseil, a-t-il ajouté. « On n’acceptera pas n’importe quoi, n’importe comment », a assuré M. Corbeil, rappelant qu’aucun projet n’a été déposé pour l’instant.