Joint une première fois au téléphone le 23 mai, Pierre Brouillard, qui travaille davantage dans le milieu de l’entretien ménager que des spectacles, ne s’expliquait pas comment l’organisation de cette soirée avait pu se solder par un échec. « Pour être rentable, il aurait fallu que je vende 600 billets, mais je n’en ai même pas vendu 200. Je ne comprends pas que ça n’ait pas levé plus que ça. »
M. Brouillard assure avoir tout fait pour que cette soirée ait lieu, en distribuant 15 000 dépliants, en posant des affiches dans divers commerces et en annonçant sur les médias sociaux et dans Le Journal de Montréal la tenue de cette activité au Centre de congrès.
Paiements en attente
Encore aujourd’hui, quelques acheteurs de billets attendent de revoir l’argent qu’ils ont investi dans l’achat de billets pour la soirée du 12 mai. C’est le cas d’une dame – désirant conserver l’anonymat – qui, en mars, avait conclu une transaction de 525 $ avec M. Brouillard pour acheter six billets à prix régulier qui lui donneraient droit à deux places supplémentaires gratuitement.
« Au moment de l’achat, il m’avait dit que je recevrais une confirmation par la poste, mais rien, même pas un appel. J’ai tenté de l’appeler à quelques reprises et je me suis même rendue à la réception du Centre de congrès le jeudi précédant l’événement [le 9 mai]. On m’avait assuré que ça aurait bien lieu et on m’a même indiqué la salle. C’est le lendemain que j’ai appris sur les réseaux sociaux que c’était annulé », raconte la dame qui a tenté à plusieurs reprises d’appeler M. Brouillard. Chaque fois, elle s’est heurtée à une boîte vocale qui dit que, si c’est au sujet du spectacle de Jean-Pierre Ferland, de laisser un message. La dame attend toujours un retour d’appel.
Pierre Brouillard explique son silence par le malaise et la honte qu’il a de parler de vive voix à toutes ces personnes qu’il a déçues, préférant les contacter par courriel, mais promet de rembourser chacune d’entre elles. « Une bonne partie des acheteurs ont déjà reçu un remboursement. Il en reste entre 20 et 30 qui devraient revoir leur argent d’ici le milieu de la semaine prochaine », estime l’organisateur, qui mentionne avoir perdu d’importantes sommes d’argent, entre 15 000 et 20 000 $, incluant le dépôt qu’il a versé à l’équipe de Jean-Pierre Ferland et les frais encourus pour faire la promotion de l’événement.
La cliente qui a parlé au COURRIER n’a toutefois pas attendu et a obtenu la rétrofacturation de l’achat des billets par l’émetteur de sa carte de crédit et a fait annuler sa carte.
Communication déficiente
Déçue de la tournure des événements, cette dame ne comprend pas pourquoi le Centre de congrès n’était pas en mesure de confirmer plus tôt que le spectacle de Jean-Pierre Ferland n’aurait jamais lieu. À ce chapitre, deux versions divergent : Pierre Brouillard affirme que la décision d’annuler le spectacle, faute de rentabilité, s’est prise dans la semaine précédant l’événement, alors que Dany Boulette, directeur des ventes au Centre de congrès, dit plutôt que la décision remonte au 1er mai. Son équipe n’a toutefois pas voulu être celle qui allait annoncer la mauvaise nouvelle aux spectateurs et a préféré renvoyer les questions à l’organisateur. « On n’était que le locateur de la salle et on ne s’occupait pas du tout de l’organisation de l’activité », rappelle M. Boulette.
Quant à l’équipe de Jean-Pierre Ferland, Tandem Musique, un échange de courriels avec LE COURRIER en avril faisait mention d’un « show privé » au Centre de congrès, ce qui a fait sourciller M. Brouillard qui assure que l’organisation du spectacle visait le grand public dès le début. Tandem Musique n’a jamais répondu à nos appels et courriels depuis l’annulation du spectacle.
Partie remise?
Malgré cet échec, M. Brouillard ne compte pas baisser les bras et n’a pas l’intention d’abandonner ce milieu qu’il « aime beaucoup ». « L’organisation de ce spectacle n’était pas une première pour moi et j’avais l’intention d’en organiser d’autres, par passion. C’est dommage parce que cet échec n’aidera pas à mettre les gens en confiance », admet-il. Pour le moment, ses priorités sont de travailler autant que possible pour rembourser les dernières personnes lésées.