6 juin 2019 - 13:27
Fusion Sainte-Madeleine / Sainte-Marie-Madeleine
« OUI » au village, « NON » à la paroisse
Par: Benoit Lapierre

Le maire de Sainte-Marie-Madeleine, Gilles Carpentier, en compagnie de Michel Morneau, le nouveau directeur général de la municipalité. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le maire de Sainte-Marie-Madeleine, Gilles Carpentier, en compagnie de Michel Morneau, le nouveau directeur général de la municipalité. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les résidents du village de Sainte-Madeleine et ceux de la paroisse de Sainte-Marie-Madeleine qui se sont exprimés dimanche sur le regroupement de leurs municipalités ont adopté des positions diamétralement opposées face au projet.

Ceux de la paroisse, qui votaient à l’École Saint-Joseph-Spénard, au cœur du village, ont maintenu le statu quo en disant « non » à la fusion dans une proportion de 60,5 %. Au village même (1751 électeurs inscrits), où le scrutin se tenait à la salle des Chevaliers de Colomb, c’est tout le contraire qui s’est produit : les électeurs qui se sont déplacés ont voté à 91 % en faveur du regroupement, soit 593 votes « oui » et 56 votes « non », ce qui donne un taux de participation de 37 %.

À la paroisse (2179 électeurs inscrits), 396 citoyens ont répondu « oui » à la question posée et 608 autres ont coché « non ». Le taux de participation à la paroisse s’établit ainsi à 46,2 %, ce qui tient compte des quatre bulletins qui ont été rejetés au dépouillement.

On note que le résultat global de ce scrutin référendaire est en faveur du regroupement puisque, au total, on obtient 989 votes « oui » (59,8 %) et 664 votes « non » (40 %).

Un second référendum?

Le résultat du scrutin dans sa municipalité a évidemment été mal reçu par le maire de la paroisse, Gilles Carpentier, lui qui milite en faveur du regroupement depuis son élection, en 2017. « Oui, c’est décevant, je ne vous le cacherai pas. Ce qui me déçoit surtout, c’est de voir que beaucoup de gens de la paroisse n’ont pas encore compris que la fusion est d’abord avantageuse pour eux. »

Mais le maire Carpentier n’est pas prêt à lancer la serviette. Il signale qu’il s’agissait d’un référendum consultatif dont les résultats, même pris séparément, ne mettent pas fin à la démarche de regroupement dans la mesure où les deux conseils municipaux voudraient la poursuivre.

Au lieu de tenir un second référendum, explique-t-il, les deux conseils municipaux pourraient quand même s’adresser à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), Andrée Laforest, pour lui demander de procéder au regroupement des deux municipalités, étant donné les bons résultats de l’étude de faisabilité du regroupement et le résultat global du référendum. « Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que 60 % des gens ont voté pour la fusion sur l’ensemble du territoire. Ce dossier n’est pas clos, mais ça prend maintenant des résolutions pour aller plus loin », poursuit-il.

La ministre Laforest

À ce propos, il a fait savoir, hier après-midi, que les représentants du MAMH dans le dossier venaient d’informer la municipalité que la ministre Laforest était disposée à recevoir une demande commune de regroupement malgré le résultat du scrutin à la paroisse.

M. Carpentier reconnaît qu’une telle démarche, qui exclurait la possibilité d’un second référendum, pourrait être perçue par certains comme une fusion obtenue par la force. Mais sur ce point, M. Carpentier ne ressent aucun inconfort puisqu’il demeure convaincu des bienfaits du regroupement pour toute la population concernée. « En politique, on n’est pas toujours obligé de se faire des amis », répond-il.

Au cours des derniers jours, son homologue de Sainte-Madeleine, André Lefebvre, se trouvait au chevet de sa belle-mère, qui est malheureusement décédée hier matin. Dans les circonstances, LE COURRIER n’a pu entrer en contact avec lui. Mais il a informé le maire Carpentier qu’il allait communiquer avec le journal avant la fin de la semaine.

M. Carpentier note que les gens du village sont acquis à l’idée du regroupement, et cela même s’ils en tireraient de moins grands avantages qu’à la paroisse, notamment en réduction de taxes. « Pour eux, le plus grand profit n’est pas monétaire, il est d’ordre moral. »

Il affirme qu’à la paroisse, le résultat du vote est le fruit du travail d’un camp du « non » occulte qui s’est activé en douce et qui est parvenu à ses fins. « Nous avons fourni à nos concitoyens deux fois plus d’information sur la fusion que l’a fait le Village, et regardez le résultat. Les gens ont été désinformés », soutient-il.

Il croit qu’une bonne partie de la population n’a pas vraiment réfléchi sur ce que signifierait le statu quo à long terme. « Si on veut vraiment devenir une municipalité indépendante, il y aura beaucoup à faire. Nous n’avons pas de garage municipal, pas de centre communautaire, pas d’hôtel de ville. Le conseil siège dans un lieu de culte [l’église évangéliste de la route 116], ce qui n’est pas légal. On ne peut pas rattraper les 40 dernières années dans les infrastructures sans augmentations de taxes, c’est sûr », prévient-il.

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