Les transactions immobilières ne sont pas encore conclues formellement, mais elles sont en voie de se réaliser avec les cinq propriétaires des terrains compris entre la rue Marguerite-Bourgeoys et la promenade Gérard-Côté. Derrière, une portion du stationnement municipal Intact doit également être achetée pour réaliser le projet. Là encore, rien n’est finalisé, mais une offre d’achat a déjà été déposée auprès de la municipalité, ont indiqué les porte-paroles du promoteur, venus rencontrer LE COURRIER mercredi pour présenter la nouvelle mouture de ce projet de 35 M$.
Un peu plus tard dans la journée, la Ville de Saint-Hyacinthe publiait justement un communiqué pour confirmer qu’elle accueillait favorablement ce projet et acceptait de vendre une partie du stationnement municipal pour permettre sa réalisation. Seule une rangée de places de stationnement suffirait pour le projet, a affirmé en entrevue la vice-présidente aux affaires publiques et aux communications corporatives du Groupe Sélection, Mylène Dupéré. Dans son communiqué, la Ville de Saint-Hyacinthe a plutôt évoqué un espace de 2000 m2, ce qui semble davantage. Le prix de vente est fixé à 1 M$, a aussi indiqué la municipalité.
Une nouveauté nommée Fridöm
La grande différence par rapport au projet présenté il y a deux ans réside dans la clientèle ciblée. Le complexe ne sera pas une résidence pour retraités, mais plutôt un immeuble locatif pour des gens toujours actifs qui souhaitent se départir de leur propriété et recouvrer une plus grande liberté. Ce concept, baptisé fridöm, vise principalement les couples de 55 ans à 75 ans, mais aucune limite d’âge n’est fixée, a expliqué Mme Dupéré.
Il s’agit du deuxième projet de ce type développé au Québec par le même promoteur après un autre à Terrebonne. Cette diversification est encore toute récente chez Groupe Sélection, qui a d’ailleurs changé de nom durant ce processus, ce qui explique entre autres le changement de vocation entre le premier projet et celui-ci. Contrairement à une résidence pour personnes âgées, il n’est pas prévu que le complexe offre des services à ses résidents, mais plutôt des aires communes.
La clientèle se veut donc davantage encline à consommer dans le quartier immédiat. Avec 160 unités locatives, c’est autour de 200 personnes qui pourront fréquenter le Centre des arts, les différents établissements du centre-ville et la promenade en bordure de rivière, a expliqué Mme Dupéré. « On a entendu la population », a-t-elle soutenu en parlant du nouveau concept et du nouveau gabarit du projet. Il est aussi prévu que tous les stationnements des locataires soient situés sur le terrain, dans une combinaison de stationnements souterrains et extérieurs.
Dommages collatéraux
Comme plusieurs logements abordables sont touchés par ces démarches immobilières, dont certains habités par des personnes âgées depuis de nombreuses années, le Groupe Sélection « va travailler en étroite collaboration avec la Ville pour relocaliser les personnes touchées », a également indiqué Mme Dupéré. Une vingtaine de locataires seraient concernés, mais déjà la moitié ont un endroit pour se reloger, a-t-elle ajouté. Cet aspect « demeure la grande priorité » à court terme pour le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, qui a réagi mercredi par voie de communiqué.
Les transactions devraient se conclure dans les prochaines semaines et la construction pourrait débuter dès l’automne, pour un chantier de 14 à 18 mois. Une ouverture au printemps 2021 est pour l’heure dans les plans.
L’emplacement voulu correspond exactement à la vision présentée aux citoyens en novembre de l’an dernier lors de la soirée d’information sur la future promenade Gérard-Côté. Avec ses deux blocs, l’un de six étages et l’autre de huit, c’est aussi parfaitement conforme à la règlementation municipale adoptée depuis. « S’il y a un endroit où il est logique de densifier, c’est bien dans notre centre-ville! Le projet de Groupe Sélection cadre parfaitement avec cette vision. […] Nous comptons bien en voir plusieurs autres se développer au cours des prochaines années », s’est réjoui le maire Corbeil, en parlant de ce projet « amélioré ».
Une période de questions prémonitoire?
Ce récent développement semblait connu des autorités municipales puisqu’à la dernière séance publique du conseil, le maire a reconnu à demi-mot que ce projet était bel et bien sur la table lorsque questionné par la citoyenne Suzanne Viens. « Les gens en question vont annoncer ce qu’ils auront à annoncer. Ce n’est pas à la Ville de faire ces annonces-là », avait déclaré M. Corbeil. La question de Mme Viens visait directement les plans de promoteurs privés pour l’avenue Saint-François et le stationnement municipal. « Est-ce que la Ville compte vendre une partie du stationnement Intact? », a-t-elle aussi demandé. « La Ville a eu des approches, c’est tout ce que je peux vous dire », a répondu M. Corbeil le 17 juin.
À cette séance, une assemblée publique était également à l’ordre du jour sur un règlement visant à donner une plus grande « flexibilité » dans la gestion des projets particuliers de construction d’immeuble, avait reconnu le directeur général, Louis Bilodeau, devant les citoyens qui s’inquiétaient de la latitude donnée avec ce changement. Les éventuels projets particuliers demeurent soumis à l’approbation référendaire, avait confirmé la greffière de la municipalité, Me Hélène Beauchesne, en réponse à une question de la citoyenne Chantal Goulet. « Ce n’est pas pour contourner la règlementation en vigueur », a aussi défendu Salima Hachachena, directrice de l’urbanisme à la Ville de Saint-Hyacinthe.