La surverse en question s’est produite le vendredi 26 juillet à la suite d’un bris d’aqueduc sur l’avenue des Grandes-Orgues qui a entraîné l’inondation de la station de pompage Girouard, a expliqué la Ville par voie de communiqué. L’électricité a été coupée à la suite de l’incident et la station de pompage s’est retrouvée à l’arrêt le temps que les employés des travaux publics corrigent la situation, un intervalle durant lequel les eaux usées se déversaient directement dans la rivière.
Au service des communications de la municipalité, sa directrice Brigitte Massé a informé que le débit de la surverse a été de 0,146 m3/s, ou 146 litres à la seconde, et que l’arrêt de la station s’est étalé sur près de quatre heures et demie. Même si Mme Massé ne détenait pas en début de semaine la donnée correspondant à la quantité totale d’eaux usées déversée, un calcul rapide permet d’estimer la surverse à plus de 2 millions de litres. À titre comparatif, le déversement du 28 juin 2016, qui avait causé la mort de milliers de poissons, avait quant à lui été de 8,5 millions de litres.
Une conjoncture mortelle
Dans les deux cas, le niveau bas de la rivière et la chaleur intense ont pu contribuer à amplifier les impacts sur la mortalité de poissons. Ce vendredi, le débit de la Yamaska en aval du barrage tournait autour de 7 m3/s avant de baisser légèrement dans les jours suivants, selon les données du Centre d’expertise hydrique du Québec. En 2016, au moment de la surverse, le débit était plutôt de 3,5 m3/s. Autre nuance, à ce moment, c’était l’usine d’épuration elle-même qui avait rejeté les eaux usées, et non une station de pompage. La station Girouard est située à quelques centaines de mètres à peine de l’usine.
Cette fois-ci, la municipalité a par ailleurs fait état du déversement le jour même dans un communiqué, invoquant la cause accidentelle décrite plus haut. En 2016, en plein congé du 1er juillet, la municipalité avait plutôt cherché l’origine de la contamination pendant plusieurs jours, de concert avec Urgence-Environnement, avant de pouvoir identifier la surverse municipale. Par la suite, la Ville avait fourni une version évolutive de l’incident, revenant notamment sur le caractère « planifié » de la surverse.
La version officielle et la version citoyenne
Dans ses communications entourant le plus récent incident, la Ville n’a pas fait état d’impact sur la faune ou la flore de la rivière, informant plutôt les citoyens de l’interdiction de pratiquer des activités nautiques, avis qui a été levé dès le samedi matin. En début de semaine, la directrice des communications de la Ville a indiqué que les patrouilles effectuées sur la rivière depuis l’incident n’avaient recensé que la mort de trois poissons et de menés. « Ce n’est pas du tout de la même envergure qu’en 2016 », a-t-elle commenté. Le lien de causalité entre la surverse et la mortalité des poissons n’est pas non plus aussi évident qu’il pourrait paraître, a-t-elle évoqué. « On ne peut pas exclure d’autres facteurs comme le faible taux d’oxygène dans l’eau causé par la température élevée et le niveau bas de la rivière », a-t-elle insisté.
Au même moment, un pêcheur a alerté LE COURRIER, photos à l’appui, sur la quantité de poissons morts retrouvés au Rapide-Plat, qui constitue le premier méandre en aval de la station d’épuration. Comme en 2016, c’est dans ce secteur prisé des amateurs de pêche que les dommages les plus évidents ont été constatés. « Je n’ai jamais vu ça avant. Les images sont peut-être désagréables à regarder, mais l’odeur était encore pire à supporter », a-t-il rapporté après avoir fait demi-tour. Parmi les espèces touchées, il a identifié le doré, la carpe, l’achigan et des écrevisses, mais surtout des petits poissons « qui flottent par milliers » et dont la majorité semble être des fouille-roches, croit-il. Depuis le précédent déversement, le pêcheur avait pourtant remarqué de « belles améliorations » dans le secteur, mais « là, ils viennent encore de scrapper la rivière », a-t-il déploré.
LE COURRIER a par la suite envoyé des images à la municipalité pour tenter d’obtenir des éclaircissements sur ces constats divergents. Sans nier le témoignage du pêcheur, Mme Massé n’a pu qu’observer qu’il n’est pas comparable à ce que ses équipes ont pu constater sur place.
Pas de branle-bas de combat
La directrice des communications a par ailleurs ajouté qu’à la suite du déversement du 26 juillet, la municipalité a contacté le Centre des opérations gouvernementales, une unité relevant du ministère provincial de la Sécurité publique qui assure la surveillance du territoire et la coordination en situation d’urgence, de crise ou de sinistre majeur. Ce centre est en contact avec de nombreux intervenants, dont Urgence-Environnement, mais aucune intervention n’a été réalisée à Saint-Hyacinthe par cet organisme, selon son registre.
Notons aussi que la station de pompage Girouard devait faire l’objet d’une reconstruction complète sous peu, en plus d’une « remise à niveau du trop-plein vers la rivière Yamaska ». Un appel d’offres à cet effet vient d’ailleurs d’être lancé le 18 juillet. Les installations fonctionnaient tout de même correctement avant le récent incident, a rapporté Mme Massé.