L’étudiante en graphisme de 24 ans a justement mis ses compétences dans ce domaine à profit pour créer un montage illustrant la nécessité d’agir « maintenant » devant les défis climatiques. « Vous ne pourrez pas remonter le temps… », annonce en effet son affiche, présentant un personnage tentant de réparer une horloge fissurée. La planète Terre qui se désintègre en arrière-plan illustre le caractère désespéré de la situation.
Avec la brume qui accompagne le tout, la scène évoque dans une ambiance surréelle une sorte de « vision » du sort auquel l’humanité pourrait éventuellement être confrontée, a expliqué au COURRIER Alexandra Lebrun. Il sera alors trop tard pour se dire « j’aurais donc dû », souligne-t-elle. Le message se veut à la fois une « critique et un appel à l’action ».
En fait, de son propre aveu, elle croit même qu’il est sans doute « déjà trop tard ». Un pessimisme assumé, qu’elle a choisi de véhiculer dans son image en ajoutant une bouteille d’eau en plastique près du personnage. Autre détail évocateur, l’heure affichée sur le cadran est fixée à minuit moins deux, une référence à l’horloge de l’apocalypse, où minuit représente la fin du monde et 23 h 58 l’heure actuelle. Ce qui ne veut pas non plus dire que tout est perdu et qu’il n’y a plus rien à faire. « Comme tout le monde, j’essaie de réduire mon empreinte », explique Alexandra, qui se dit sensibilisée à la cause environnementale depuis un jeune âge. Pour nous rassurer, elle indique quand même garder espoir que nous parviendrons un jour à évoluer vers un mode de vie plus respectueux de la nature. « Je suis à la fois utopiste et pessimiste », dit-elle.
En plus de l’environnement, Alexandra s’intéresse de manière plus large aux différents enjeux de société. « Je crois que ça me vient de mon père », avance-t-elle. Elle n’a pu que déplorer le refus de sa Ville de signer la déclaration d’urgence climatique au printemps dernier.
Une signature distinctive
Comparativement aux autres créations soumises sur le même thème, l’affiche d’Alexandra se démarque aussi par sa sobriété, alors que beaucoup ont opté pour les images fortes et les slogans-chocs pour aborder l’urgence climatique. « J’ai toujours préféré y aller avec une touche plus subtile, même si c’est pour faire passer un message », a-t-elle reconnu.
L’inspiration lui est venue du mouvement surréaliste représenté notamment par le photographe Erik Johansson. Par son montage, elle espère créer un impact en faisant « sortir les gens de leur réalité pour qu’ils prennent conscience que nous ne sommes pas dans un univers de science-fiction et que les conséquences sont bien réelles », a-t-elle commenté.
En même temps qu’elle décrit la pensée derrière son projet, Alexandra tient à soutenir que chacun peut y tirer son interprétation et qu’il n’y a pas de signification unique à son œuvre, qui s’inscrit manifestement dans une démarche artistique.
La campagne devrait se déployer cet été un peu partout au Québec, a indiqué Manon Dubois, responsable des communications à la Fondation David Suzuki, qui précise que l’idée était de « donner une voix aux citoyens » à travers cette campagne. Les affiches seront visibles sur des abribus, des autobus et dans certains bars et restaurants, a-t-elle informé.