Elles joignent ainsi leur voix à celles de nombreux acteurs de la société civile qui trouvent que la menace climatique n’est pas suffisamment prise au sérieux par les responsables politiques. Dans le contexte actuel, c’est principalement envers les candidats à la prochaine élection fédérale que le message est dirigé. Et pour porter le message localement, les Sœurs Pauline Vertefeuille et Marie-Claire Dupont sont passées aux bureaux du COURRIER mardi avec leur déclaration en main. Les sœurs ne se lèvent pas souvent pour commenter les enjeux sociaux, encore moins pour prendre position, reconnaissent-elles, mais il semble que la situation actuelle commande des mesures exceptionnelles. Les changements climatiques constituent « la plus grande menace pour tous les êtres vivants », affirme en effet le document. En plus des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe, les Sœurs de la Charité, les Sœurs de Sainte-Marthe, les Sœurs de la Présentation de Marie et les Sœurs adoratrices du Précieux-Sang appuient également le mouvement, ont-elles assuré.
En marge des élections qui doivent être déclenchées d’un jour à l’autre, leur regroupement demande aux chefs des principaux partis fédéraux de « prendre acte de l’urgence climatique » et de mettre en œuvre une stratégie « immédiate » vers la transition écologique. « Nous serons à l’écoute des programmes [politiques à paraître], a assuré Sœur Vertefeuille. Des programmes, pas des promesses », a-t-elle bien insisté en appelant aussi les candidats locaux à démontrer leur sérieux en matière d’environnement. « On attend des réponses avant la fin du mois », avertit-elle. Par cette initiative non partisane, Sœur Vertefeuille espère au moins que les électeurs pourront mieux s’informer avant de faire une croix dans l’urne, un choix qu’elle espère rationnel et non basé uniquement sur des perceptions. En plus de représenter des milliers de religieuses à travers le pays, les communautés sont aussi des acteurs qui possèdent une crédibilité certaine dans leur milieu, explique aussi Sœur Dupont, d’où la nécessité de « se lever » pour l’environnement. « On ne parle pas pour rien », assure-t-elle.
Prêcher par l’exemple
Loin de vivre dans une bulle de verre, les religieuses assurent être bien conscientes de la nécessité d’agir elles aussi pour l’environnement. Les deux sœurs évoquent spontanément le concept des « communautés bleues », un projet de l’organisme Eau Secours visant à changer pour le mieux notre rapport à l’eau, souvent considérée comme acquise dans un endroit comme le Québec, explique la Sœur Marie-Claire Dupont. Comme exemple d’un premier pas concret, elle mentionne l’élimination des bouteilles d’eau en plastique. À l’échelle du Canada, d’autres actions ont été entreprises par différentes communautés religieuses comme le retrait des investissements dans des portefeuilles de combustibles fossiles, la rénovation de bâtiments résidentiels, y compris des installations solaires, biothermiques et au gaz naturel renouvelable, ou simplement la plantation d’arbres sur leur terrain, souvent à travers des partenariats locaux, ont recensé les membres canadiennes de l’Union internationale des supérieures générales.
Cette rare prise de parole politique prend racine autour du 1er septembre puisqu’il s’agit de la journée mondiale pour la sauvegarde de la Création. « À titre de religieuses, prendre soin de toute la Création de Dieu est une partie essentielle de notre foi », justifient-elles dans le document. Une nouvelle action devrait se tenir vers la fin septembre dans le cadre de cette même démarche.