10 octobre 2019 - 14:41
Les relocalisations peuvent être positives, affirment le maire et le promoteur
Par: Rémi Léonard
Le maire Claude Corbeil a réagi à la manifestation de solidarité envers les locataires de l’avenue Saint-François le jour même de sa tenue. Photothèque | Le Courrier ©

Le maire Claude Corbeil a réagi à la manifestation de solidarité envers les locataires de l’avenue Saint-François le jour même de sa tenue. Photothèque | Le Courrier ©

À peine quelques heures après une action de visibilité tenue lundi par des manifestants au centre-ville de Saint-Hyacinthe, le maire Claude Corbeil leur a répondu dans son mot d’ouverture à la séance du conseil, le soir même.

S’il assure avoir bien compris qu’il y a de l’opposition face « aux orientations définies par les élus pour le centre-ville », le maire demeure convaincu de la pertinence de cette vision, arguant même que l’avenir du quartier en dépend. « Pour dynamiser le centre-ville, il nous faut plus de résidents » et cet objectif passe nécessairement par la densification du secteur, a-t-il expliqué. La plus grande menace pour le centre-ville serait plutôt l’inaction, à son avis.

« J’ai entendu certaines choses qui se sont dites à cette marche et les cheveux me sont dressés sur la tête, a-t-il rapporté. […] On a parlé d’évictions, mais à mon sens, ce n’est pas ça », a réagi le maire, répétant qu’il y a moyen pour le promoteur de « faire les choses correctement » et que c’est le rôle de la Ville de s’en assurer. Comme preuve, il a cité en exemple les démarches pour relocaliser les treize locataires du bâtiment de l’avenue Saint-Simon acheté par la Ville en 2018 pour faire du stationnement. « Un an plus tard, tout s’est bien passé et chacun des locataires a vu ses conditions de logements améliorées en même temps que son loyer diminuer. […] Mais ça, personne n’en parle », a-t-il évoqué.

C’était aussi le souhait exprimé par la porte-parole de Groupe Sélection, Mylène Dupéré, vice-présidente aux affaires publiques et aux communications corporatives pour le promoteur, jointe au lendemain de la manifestation. « On travaille toujours à relocaliser les locataires dans un endroit qui réponde à leurs besoins », a-t-elle répondu. Tout en reconnaissant que le processus prend du temps, elle assure que la priorité de l’entreprise reste de bien – et même idéalement de mieux – reloger les locataires concernés.

« On travaille pour trouver des solutions en collaboration avec la Ville et l’Office d’habitation dans ce dossier », a-t-elle indiqué. Le nouveau projet de logement social et abordable Le Concorde pourrait notamment se révéler une option logique pour reloger certains locataires, a-t-elle donné en exemple. « Nous avons l’assurance de l’Office que les gens avec qui on transige auront priorité dans la liste d’attente », a-t-elle aussi ajouté, en contradiction manifeste avec ce que la Ville avait assuré cet été aux citoyens. Prenant acte de la manifestation, Mme Dupéré a aussi indiqué que l’entreprise « trouve important d’entendre ce que les gens ont à dire. On veut comprendre, être à l’écoute », a-t-elle réagi.

Pas convaincus

Après le laïus du maire, des participants à la marche ont tout de même relancé le conseil à la période de questions, ce lundi. L’imposition d’un quota de logements abordables dans les projets immobiliers a une fois de plus retenu l’attention, mais le conseil n’a toujours pas statué sur cette question, a indiqué le maire.

La citoyenne Suzanne Viens a également soulevé le fait que 104 logements abordables ont été détruits par la Ville ou par le feu ces dernières années. « Derrière ces chiffes, c’est des drames qui se vivent », a-t-elle évoqué. Heurtée par la vision exprimée par le maire quelques minutes plus tôt, la citoyenne Nicole Jetté a quant à elle exprimé son ras-le-bol quant au discours municipal qui mise sur la mixité sociale au centre-ville, c’est-à-dire l’arrivée de gens plus fortunés dans le secteur. « Lens gens pauvres se sentent comme une gang de coquerelles qu’on veut tasser dans un coin », a-t-elle évoqué, avertissant aussi qu’une taxe sur le logement social ne ferait qu’accroître la discrimination qui existe envers ces citoyens.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image