Pour mettre ce chiffre en perspective, les investissements annoncés pour 2019 dans le précédent PTI se chiffraient à 58,7 M$ et pour 2018, ils étaient seulement à 31,2 M$, soit près de trois fois moins.
Présenté habituellement en décembre, tout juste avant le budget, le PTI est le document qui détaille les prévisions des sommes qui seront allouées par la Ville au cours des trois prochaines années pour les divers projets d’infrastructures, d’aménagements ou d’achats d’équipements, notamment. Bref, tout ce qui ne relève pas de la masse salariale et des autres coûts fixes d’une Municipalité. Il s’agit donc en quelque sorte de la marge de manœuvre du conseil pour agir en vue de remplir ses objectifs.
Dans sa présentation du PTI, le maire Claude Corbeil a d’ailleurs commencé en identifiant ses deux principales préoccupations, soit la revitalisation du centre-ville et la gestion des débordements d’eaux usées. Les projets les plus imposants se retrouvent en effet dans cette dernière catégorie, avec au premier chef la mise à niveau et l’augmentation de la capacité de l’usine d’épuration. À lui seul, ce projet représente un montant de 31,3 M$, soit plus du tiers des investissements 2020. Il faut néanmoins noter que le projet doit normalement être subventionné à la hauteur de 80 %. Cette intervention s’avère nécessaire puisque le débit de conception de l’usine, construite il y a 35 ans, est maintenant atteint, a informé le maire. Plusieurs équipements ont pratiquement atteint leur fin de vie utile, a aussi indiqué le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau. Une autre intervention prévue l’an prochain consiste à la reconstruction du poste de pompage Girouard pour 5,2 M$.
Même s’il s’agit précisément des deux infrastructures où sont survenus les déversements d’eaux usées ayant causé la mort de poissons dans la Yamaska ces dernières années (usine d’épuration en 2016 et station Girouard en 2019), les incidents n’étaient en rien reliés à leur état de vétusté, a assuré la direction générale, qui a aussi rappelé que les surverses, certes plus contrôlées et moins dommageables que celles connues du public, sont choses courantes dans le réseau municipal.
La bibliothèque est lancée
Du côté du centre-ville, l’intervention majeure repose assurément sur la future bibliothèque, du moins pour l’année 2020. Une somme de 14 millions de dollars y est allouée, alors qu’un 2 M$ supplémentaire doit provenir du milieu sous la forme d’une campagne de financement qui devrait être orchestrée par la Fondation des amis de la Médiathèque maskoutaine.
Le montage financier ne comprend donc aucune participation gouvernementale. « On a fait le choix de ne pas demander de subvention parce que ça pourrait prendre 6, 7 ou 8 ans pour obtenir le financement et on souhaite démarrer ce projet rapidement », a expliqué M. Corbeil. Considérant les démarches administratives nécessaires pour faire ces demandes, « les taux de subvention ne sont pas si alléchants », a aussi renchéri le DG.
Chose certaine, le projet est sérieusement en marche puisque le maire s’est avancé sur un échéancier clair pour la réalisation de la nouvelle bibliothèque, à savoir la préparation des plans et devis en 2020, la réalisation en 2021 et une livraison prévue pour août 2022.
Toujours pour l’année 2020, une série d’autres projets d’importance seront lancés, dont le centre d’activités physiques Notre-Dame (8 M$), qui inclura des espaces pour réaliser une multitude d’activités en plus de la pétanque, a tenu à souligner la conseillère Nicole Dion Audette. Pour ce projet, on savait que l’obtention d’aides gouvernementales était une condition sine qua non à sa réalisation, mais le maire a cette fois fixé précisément le seuil nécessaire : 50 %.
D’autres projets de réfection des pavages, trottoirs et bordures (4,2 M$) ou d’acquisition de terrains (1,9 M$) sont également inclus au PTI en 2020. Il faut savoir qu’on se concentre avant tout sur les annonces d’investissements de l’an prochain plutôt qu’en 2021 et 2022 puisque ces sommes se retrouveront logiquement dans le prochain budget, alors que celles inscrites aux années ultérieures sont de simples prévisions.
Aqueduc et égout
Du côté des infrastructures souterraines, le projet le plus important concerne la construction d’une conduite d’aqueduc sur le Grand rang Saint-François en plus de l’aménagement d’une nouvelle intersection à cet endroit pour rejoindre le Domaine sur le Vert et sa future école. La facture estimée à 4,5 M$ sera en bonne partie assumée par la Ville, qui prévoit toutefois compter sur un apport de 600 000 $ du ministère des Transports et de 100 000 $ des propriétaires riverains.
Toujours en 2020, il est aussi prévu de reconstruire les infrastructures souterraines sur le boulevard Laframboise et la rue Delorme (4 M$), au nord de la voie ferrée. Trois autres projets entièrement à la charge des propriétaires riverains sont également prévus, soit des travaux de fondation et de pavage sur l’avenue de l’Aéroport (1,25 M$), le prolongement des infrastructures sur la rue José-Maria Rosell (1,7 M$), dans la Cité de la biotechnologie, et la même démarche sur la rue Charles-Gilbert (2 M$), advenant l’arrivée de l’usine d’Exceldor à cet endroit. L’implantation de cet important projet industriel dépend d’une décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec, qui se fait toujours attendre. « On espère que l’attente en aura valu la peine », a commenté M. Corbeil.
Impact sur le contribuable
Et les taxes dans tout ça, se demandent sans doute les citoyens alarmés par ces « investissements inégalés ». Il faudra attendre deux semaines pour le savoir, a indiqué le maire, puisque c’est toujours à la présentation du budget que les taux de taxation sont rendus publics. Notons toutefois que du 91,6 M$ d’investissements prévus en 2020, une large portion n’aura pas un impact direct sur le compte de taxes 2020, notamment parce que 34,2 M$ doivent provenir de subventions et 24,3 M$ sont portés en emprunt à long terme.