26 décembre 2019 - 13:46
Départ annoncé du dernier médecin
Saint-Pie craint de devenir une municipalité orpheline
Par: Jean-Luc Lorry
Le Dr Jacques Desroches, seul médecin généraliste offrant ses services à Saint-Pie, prendra sa retraite en janvier 2021. Sur la photo, la clinique médicale de Saint-Pie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Dr Jacques Desroches, seul médecin généraliste offrant ses services à Saint-Pie, prendra sa retraite en janvier 2021. Sur la photo, la clinique médicale de Saint-Pie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Propriétaire de la bâtisse, le pharmacien Normand Thériault est prêt à investir environ 300 000 $ pour rénover la clinique médicale de Saint-Pie. Les plans sont même déjà faits. Photo gracieuseté

Propriétaire de la bâtisse, le pharmacien Normand Thériault est prêt à investir environ 300 000 $ pour rénover la clinique médicale de Saint-Pie. Les plans sont même déjà faits. Photo gracieuseté

La Ville de Saint-Pie a décidé de ne pas rester les bras croisés à la suite de l’annonce du départ à la retraite en janvier 2021 du Dr Jacques Desroches, le dernier médecin qui dispose d’un cabinet médical dans la municipalité.

Pour assurer la relève en médecine familiale, les citoyens de Saint-Pie étaient invités à signer une pétition. Les résidents souhaitent que soit maintenu l’accès à un médecin généraliste, à une infirmière ainsi qu’à un spécialiste en chirurgie.

Lors de l’assemblée publique du conseil municipal tenue le 6 novembre, les élus ont appuyé à l’unanimité la démarche des 1299 signataires. Ils ont également demandé que la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, « déploie tous les efforts nécessaires pour maintenir les services de médecins dans la municipalité ».

« Nous allons devenir une municipalité orpheline. Il n’est pas encore minuit moins une, mais cette situation va arriver rapidement », indique le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre, en entrevue au COURRIER.

La clinique Santé Plus de Saint-Pie fait partie du Groupe de médecine de famille (GMF) Maska qui regroupe également les cliniques de Saint-Hyacinthe et de Saint-Damase. « Comme nous faisons partie du GMF Maska, nous pourrions avoir accès à un médecin pratiquant dans ce groupe une journée par semaine. Quand je pose la question, je n’obtiens aucune réponse de ce GMF. Il semblerait que l’on aime mieux faire déplacer les patients que les médecins », considère le maire de Saint-Pie avec amertume.

Projet de rénovation

Propriétaire de la bâtisse où loge la clinique médicale, le pharmacien Normand Thériault se dit prêt à investir environ 300 000 $ pour rénover complètement les lieux s’il obtient la confirmation de la venue de nouveaux médecins.

« Il y a 25 ans, je me souviens que quatre médecins pratiquaient à la clinique médicale de Saint-Pie. La municipalité doit pouvoir compter sur plus d’un médecin généraliste », estime M. Thériault.

Le départ du docteur Desroches devrait entraîner celui de travailleurs sociaux, d’une infirmière et d’un spécialiste en chirurgie en raison de l’affiliation de cette clinique au GMF Maska. « Lorsque le Dr Desroches quittera, nous allons perdre tous ces services », déplore celui dont la pharmacie est située dans le même complexe médical.

Intervention de Soucy

À l’hôtel de ville, on estime que l’intervention de la députée caquiste dans ce dossier se fait attendre. « Mme Soucy était censée rencontrer les médecins du GMF Maska. Elle m’a dit cela au début du printemps. Depuis, plus de nouvelles », déplore le maire St-Pierre.

En octobre 2018, la députée de Saint-Hyacinthe estimait dans les colonnes du quotidien La Voix de l’Est, qu’il était insensé qu’une population comme celle de Saint-Pie (5715 habitants en 2019) soit desservie par un seul médecin.

Il y a quelques années, la municipalité comptait trois médecins, soit le Dr Jacques Desroches, le Dr Pierre Milette (aujourd’hui retraité) et le Dr Éric Poulin qui a fondé en juin 2018 avec l’infirmière Julie Fontaine une clinique de médecine privée à Saint-Hyacinthe.

« Je comprends l’inquiétude de la communauté de Saint-Pie qui risque de se retrouver sans médecin dans un peu plus d’un an, précise Chantal Soucy, dans un courriel adressé au COURRIER. D’ailleurs, le conseil municipal m’avait informée de la situation en 2018 et j’ai entrepris différentes démarches en vue de trouver des solutions potentielles. »

En 2020, neuf nouveaux médecins de famille pourront pratiquer sur le territoire Richelieu-Yamaska, qui s’étend de Saint-Hyacinthe à Saint-Bruno, comparativement à huit en 2019. « Dans le cadre des lois et ententes actuelles, lorsqu’il y a attribution de nouveaux médecins annuellement, ceux-ci sont libres de pratiquer à la clinique de leur choix dans une région donnée. Il appartient aux Municipalités et aux cliniques GMF existantes de faire une petite séduction lors du recrutement afin d’attirer un maximum de ces nouveaux médecins dans leur ville ou leur clinique », mentionne Chantal Soucy.

« Comme députée de la circonscription de Saint-Hyacinthe, ce que je souhaite, à court terme, c’est qu’un maximum de ces neuf nouveaux médecins s’établissent dans la grande région de Saint-Hyacinthe et j’offre toute ma collaboration aux GMF et aux Municipalités dans leurs démarches d’attraction », s’engage la députée provinciale.

Sans nouveau médecin, la liste des patients en attente d’accès à un médecin de famille risque de se rallonger.

Selon des données obtenues auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux, en date du 30 septembre, il y avait 17 202 personnes inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) dans le Réseau local de santé (RLS) Richelieu-Yamaska et 35 744 inscrites au GAMF sur le territoire du CISSS de la Montérégie-Est.

À l’échelle du Québec, le nombre de personnes en attente d’un médecin de famille se chiffre à 590 895.

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