23 janvier 2020 - 13:13
Exceldor et la biosécurité
Son usine de Saint-Anselme voisine d’une meunerie
Par: Jean-Luc Lorry

L’usine d’abattage d’Exceldor à Saint-Anselme est située à quelques mètres d’une meunerie qui appartient à Sollio Agriculture, la division agricole de la Coop fédérée. Photo Google

L’usine d’abattage d’Exceldor à Saint-Anselme est située à quelques mètres d’une meunerie qui appartient à Sollio Agriculture, la division agricole de la Coop fédérée. Photo Google

La présence d’une meunerie de la Coop fédérée à quelques mètres de son usine d’abattage et de transformation de volaille de Saint-Anselme, près de Lévis, ne semble pas inquiéter outre mesure la coopérative avicole Exceldor. Cette dernière se dit pourtant très préoccupée par la biosécurité de ses installations dans ses démarches devant la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) afin d’obtenir le dézonage d’une terre à Saint-Hyacinthe.

À Saint-Anselme, la cohabitation de l’usine d’abattage avec une meunerie dure depuis 70 ans sans qu’Exceldor n’ait encore tenté d’y mettre fin. Il s’agit de son abattoir le plus important avec un volume d’abattage d’un million d’oiseaux par semaine, comparativement à 500 000 à Saint-Damase.

Pour son projet de Saint-Hyacinthe – où une usine d’abattage et de transformation de volailles évaluée à 200 M$ remplacerait celle de Saint-Damase dans le parc industriel Olivier-Chalifoux s’il était agrandi de 24 hectares -, c’est l’argument de la biosécurité que la coopérative a servi à la CPTAQ pour écarter un autre site potentiel. Il s’agit de cet espace agricole de 38 hectares se trouvant au nord du parc industriel Théo-Phénix pour lequel la Ville, qui en est le propriétaire, posséderait, selon l’UPA, un droit acquis d’utilisation à des fins industrielles.

Selon la haute direction d’Exceldor, la présence de deux meuneries dans le parc Théo-Phénix est une raison bien suffisante d’exclure ce site des possibilités, et cela pour une question de biosécurité.

C’est ce que le président-directeur général d’Exceldor, René Proulx, a expliqué devant la CPTAQ lors d’une rencontre publique qui a eu lieu à Longueuil le 29 mai 2019.

« Ce n’est pas un site qu’on pourrait, malheureusement, considérer. Avec les épisodes [de contamination] qu’on connaît, c’est très coûteux pour l’industrie de la volaille lorsque ça arrive », avait-il expliqué.

Pour permettre à Exceldor d’installer sa future usine en bordure de l’avenue Pinard, la Ville de Saint-Hyacinthe s’était adressée à la Commission en mai 2018 pour demander l’exclusion de 23,64 hectares de la zone agricole. La rencontre de mai 2019, durant laquelle M. Proulx a dévoilé le projet d’Exceldor, avait été demandée par la Ville après la réception d’un avis défavorable de la Commission face à l’exclusion de 24 ha pour agrandir Olivier-Chalifoux.

La demande d’exclusion devait finalement être rejetée par la CPTAQ le 17 décembre 2019, décision face à laquelle la Ville recherche maintenant une solution.

Réalités différentes selon Exceldor

Chez Exceldor, on estime qu’il faut faire la part des choses. La situation qui prévaut à Saint-Anselme et celle évaluée à Saint-Hyacinthe sont deux « réalités différentes ». « À Saint-Anselme, ce n’est pas la situation optimale. Avant, il était naturel pour les agriculteurs d’avoir un abattoir à côté d’une meunerie », indique en entrevue au COURRIER Gabrielle Fallu, conseillère principale aux relations publiques d’Exceldor.

« Nous vivons avec cette situation à Saint-Anselme. Mais ce n’est pas un modèle que l’on veut reproduire en 2020. Aujourd’hui, personne ne construirait un abattoir à proximité d’une meunerie. Nous sommes présents depuis 1945 et la meunerie s’est construite par la suite », poursuit-elle.

En octobre 2007, la direction d’Exceldor avait annoncé un investissement de 18 M$ pour moderniser cette usine. En entrevue à un média montréalais, René Proulx expliquait que cet investissement permettait d’installer un procédé avant-gardiste de refroidissement à l’air et d’acquérir des équipements à la fine pointe de la technologie.

Historique

À Saint-Anselme, Exceldor est propriétaire d’une usine d’abattage qui a été inaugurée en 1946 sous le nom de Coopérative avicole régionale Dorchester.

Trois ans plus tard, une meunerie a été construite par la Coop. Celle-ci est aujourd’hui la propriété de Sollio Agriculture, la division agricole de la Coop fédérée.

En 1995, la Coopérative avicole régionale de Saint-Damase, qui possédait un abattoir dans cette municipalité, et la Coopérative avicole Dorchester ont fusionné pour devenir Exceldor.

Avec la collaboration de Benoit Lapierre

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