Des dizaines de militants véganes et antispécistes se sont massés dès 8 h 30 lundi devant le palais de justice de Saint-Hyacinthe, équipés de banderoles et de pancartes faisant la promotion des droits des animaux et dénonçant les conditions réservées aux animaux de ferme. D’ailleurs, la ferme Les Porgreg a été visée dans plusieurs messages, autant sur affiches que dans les slogans bilingues chantés en chœur. Le but de cette sortie était de faire connaître leur appui aux onze activistes qui devaient comparaître à 9 h 30 en lien avec les actions posées à la porcherie le 7 décembre. Les accusés, 10 femmes et un homme, ont comparu discrètement dans la salle 1 du palais de justice peu avant 9 h 30 et ont tous plaidé non coupable à des chefs d’entrée par effraction et d’entrave au travail d’un policier. Ils reviendront en cour le 6 avril. Selon nos informations, une douzième personne, d’âge mineur, a comparu le lendemain et a aussi plaidé non coupable à ses accusations.
Après leur brève comparution, le palais de justice s’est vidé et les militants ont ensuite pris la rue, se dirigeant vers l’Institut de technologie agroalimentaire et de la Faculté de médecine vétérinaire, qui ont rehaussé le niveau de sécurité en vue de leur passage. La Sûreté du Québec a escorté les manifestants, mais n’a noté aucun débordement.
« Une ferme représentative »
Un des manifestants présents à Saint-Hyacinthe lundi, Pascal Bédard, s’est entretenu avec LE COURRIER au sujet des objectifs des actions récentes menées par DxE. « La ferme Porgreg a été ciblée parce qu’elle est représentative de ce qui se fait dans l’industrie. Quand on montre des images de l’horrible réalité d’une porcherie, on a tendance à dire que ça se passe aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. On a prouvé que c’est la même chose dans une porcherie familiale de Saint-Hyacinthe. »
Selon lui, les actions prises par des activistes véganes ne peuvent que « s’amplifier » dans les prochaines années parce que c’est la meilleure façon de faire connaître le mouvement et d’éveiller les consciences. « Si on se chicane autant sur la question de la viande, c’est seulement parce qu’on aime le goût! Pour nous, un cochon ne devrait pas avoir moins de droits qu’un chien. Ce mouvement est là pour représenter ces animaux maltraités qui n’ont pas de voix. »
Appui de l’UPA
Mercredi matin, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a fait une sortie publique pour se montrer solidaire envers la famille Grégoire, qui gère Les Porgreg, et pour dénoncer les actes commis en décembre. « Lorsqu’il est question d’introductions par effraction sur des fermes, il ne s’agit plus de manifestations pour sensibiliser le public. L’introduction par effraction est une infraction prévue au Code criminel. Les actes commis visent à imposer une idéologie par la diffamation, la propagande, la menace et la peur », a notamment déclaré le président général de l’UPA, Marcel Groleau. Il espère que le gouvernement du Québec mettra vite en place des mesures plus sévères – des amendes salées – contre de nouvelles intrusions dans des fermes.
Les dirigeants de Les Porgreg n’ont pas donné suite à la demande d’entrevue du COURRIER, mais la copropriétaire Josiane Grégoire a affirmé en point de presse mercredi matin que la biosécurité de son cheptel avait été compromise par la présence des activistes le 7 décembre. « Nos truies sont fiévreuses et malades. Depuis leur passage dans notre porcherie, notre taux de mortalité en maternité a considérablement augmenté », a-t-elle dit selon La Presse. À cela s’ajoutent un important stress et la peur que des activistes puissent récidiver.