Lors de l’annonce de la fermeture publiée sur la page Facebook Spotted : St-Hyacinthe, les commentaires par centaines saluaient le dévouement de Yolande Gendron et lui souhaitaient une bonne retraite. Or, Mme Gendron n’était même pas au courant de cette fermeture et c’est un client qui le lui a appris. « Ça commence bien une journée, ça », a-t-elle ironisé.
Deux versions
Un des propriétaires de la Taverne des Copains, Pierre Benoit, assure qu’il s’agit d’une rumeur qui a pris de l’ampleur, affirmant qu’il y a bel et bien des pourparlers avec la Ville de Saint-Hyacinthe pour lui vendre une bande de terrain en vue de refaire la rue ou le trottoir « dans deux ou trois ans », mais qu’il n’a aucune envie d’expulser la cantine qui fait partie du paysage depuis des décennies. « Nous n’avons fait aucune pression pour que la cantine ferme et nous avons toujours eu de très bonnes relations. »
Yolande Gendron ne partage pas du tout cet avis, accusant son propriétaire de la pousser vers la sortie avec la complicité de la Ville. « M. Benoit m’a dit que je recevrais une lettre de la Ville, mais elle n’est jamais venue. J’ai seulement reçu la visite de Jocelyn Bazinet [conseiller technique aux infrastructures pour la Ville de Saint-Hyacinthe], qui m’a dit de renouveler mon permis de restauration [qui expire en mars] parce que la Ville le rachèterait à la fermeture de la cantine. Il m’a aussi dit que son supérieur allait m’appeler, mais j’attends toujours cet appel. »
En attendant, Yolande Gendron continue de servir fidèlement sa clientèle, mais ne consacrera plus que le strict minimum sur l’entretien de sa cantine d’ici la fermeture. « Je pensais refaire la peinture au printemps, mais à quoi bon si ça va être mis à terre dans quelques mois? Je vais faire mon petit ménage tous les jours, mais ça s’arrêtera là », tranche-t-elle. À son âge, elle n’a plus l’intention de se battre et s’est résignée à prendre sa retraite avec son mari Raymond, elle qui souhaitait encore continuer quelques années.
Pourquoi maintenant?
Du côté de la Ville, on confirme que des projets sont dans les cartons « en 2022 ou 2023 » sur l’avenue Saint-Louis, sans en préciser la nature. Une question demeure donc : pourquoi fermer la Cantine Chez Nous dès cet été si les projets n’ont pas lieu avant deux ans? Mme Gendron est persuadée que la Taverne des Copains a des projets pour cette portion de terrain, mais ne peut que spéculer sur la nature de ceux-ci.
C’est donc avec un goût amer que l’aventure de la Cantine Chez Nous prendra fin dans les prochains mois, si bien que Yolande Gendron a l’intention de ne rapporter aucun souvenir de la cantine qu’elle a gérée au quotidien pendant 46 ans. « Je ne serai pas là pour les regarder démolir la cantine non plus », conclut-elle, déçue de la façon avec laquelle le dossier s’est réglé.