12 mars 2020 - 13:27
Après 50 ans
C’est la fin pour le Comptoir du partage
Par: Olivier Dénommée

Les responsables du Comptoir du partage et leur équipe de bénévoles se préparent à un dernier tour de piste vendredi dès 9 h. Sur la photo, on reconnaît Cécile Gévry, secrétaire-trésorière, Yvon Gévry, président, Huguette Nichols, directrice, et Colette Lavallée, directrice. Absente de la photo : Marie-Soleil Théberge, directrice. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les responsables du Comptoir du partage et leur équipe de bénévoles se préparent à un dernier tour de piste vendredi dès 9 h. Sur la photo, on reconnaît Cécile Gévry, secrétaire-trésorière, Yvon Gévry, président, Huguette Nichols, directrice, et Colette Lavallée, directrice. Absente de la photo : Marie-Soleil Théberge, directrice. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Après avoir accueilli sa clientèle dans le sous-sol de l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement chaque deuxième vendredi du mois pendant 50 ans, le Comptoir du partage met fin à ses activités après une dernière vente ce vendredi 13 mars, de 9 h à 13 h 30. Pour l’occasion, tous les articles sont à moitié prix.

C’est la dure décision qu’a prise le comité bénévole du Comptoir, qui a reçu une lettre de la fabrique Notre-Dame-du-Rosaire annonçant qu’elle ne renouvellerait pas son bail et que tout le matériel devait être sorti du sous-sol de l’église d’ici le 31 mai pour entamer des rénovations. « Depuis qu’on sait qu’on doit fermer, on a décidé de ne plus rien prendre pour liquider nos choses. On aurait pu faire ça en plusieurs ventes, mais on a préféré tout régler en mars plutôt que d’étirer ça », explique la secrétaire-trésorière du Comptoir, Cécile Gévry. Par la suite, le matériel invendu ira essentiellement à la cathédrale.

Rencontrés mardi pendant qu’ils préparaient les étalages en vue de la vente finale de vendredi, plusieurs bénévoles se sont montrés émotifs : non seulement ils se sont fait imposer la fermeture du Comptoir du partage, ils déplorent également que cela ne se soit pas fait dans les règles de l’art. « On avait un bail avec l’église depuis 50 ans, de janvier à janvier, qui nous coûtait 600 $ par mois pour les quelques heures qu’on utilisait le sous-sol. C’est sans nous en parler avant que l’on a reçu la lettre nous disant qu’on devait quitter les lieux parce que le sous-sol n’était plus aux normes », déclare avec amertume Yvon Gévry, président du Comptoir du partage.

Joint au téléphone, l’abbé Serge Pelletier, responsable de l’église, a confirmé que d’importantes rénovations étaient nécessaires pour rendre le sous-sol conforme aux exigences des Normes du bâtiment et des assureurs. Selon lui, la fabrique a aussi manifesté le désir de « reprendre les lieux » et de rendre l’immense sous-sol de l’église disponible à la location de différentes activités dans le futur. Il n’était toutefois pas encore en mesure de donner une idée des échéanciers prévus pour les éventuelles rénovations.

Les bénévoles du Comptoir ont quand même l’impression que les rénovations n’étaient qu’un prétexte pour les évincer. « Il avait déjà été question d’augmenter notre loyer il y a quelques années, mais ce n’est finalement jamais arrivé. Il y a aussi eu un changement de garde récemment à la fabrique, peut-être que ça a eu une influence », mentionne le président.

Il faut dire que le Comptoir du partage a la particularité de ne pas être géré par la fabrique. Les profits servaient à aider directement des familles dans le besoin. « Les comptoirs ne sont pas tous gérés comme ça, mais nous, on payait notre loyer, et la balance de l’argent servait à redonner directement aux personnes démunies dans des périodes comme la rentrée scolaire et les fêtes », soutient Cécile Gévry. En décembre dernier, une vingtaine de familles maskoutaines avaient été aidées financièrement par le Comptoir du partage. « Vers qui se tourneront ces familles maintenant? C’est plus pour eux qu’on s’inquiète », poursuit-elle.

« Le plus beau comptoir »

Les bénévoles, dont certains sont présents depuis les années 70, sont fiers de leur Comptoir, qui fournit à très bas prix vêtements, vaisselle et livres, notamment, à la population moins favorisée depuis 50 ans. « Les gens qui viennent ici fréquentent généralement aussi les autres comptoirs. Mais ce qu’on nous dit, c’est que le nôtre est le plus beau de tout Saint-Hyacinthe! Tout est bien organisé et ça sent bon! », raconte Cécile Gévry. Le Comptoir du partage a même reçu en 1997 une distinction, un certificat de participation au Prix Mgr Langevin remis par le diocèse de Saint-Hyacinthe. « À cette époque, on valorisait encore l’engagement communautaire », ironise un des bénévoles.

Même si plusieurs bénévoles auraient voulu continuer, il est hors de question de chercher à poursuivre les activités du Comptoir du partage à un autre endroit. « C’est impensable, on n’arriverait pas avec le prix des loyers aujourd’hui. Toute bonne chose a une fin », se résigne la secrétaire-trésorière.

Ce vendredi sera donc la dernière chance de profiter des aubaines à moitié prix du Comptoir du partage et de faire ses adieux à la trentaine de bénévoles dévoués. Ils seront presque tous sur place de 9 h jusqu’à 13 h 30, au sous-sol de l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement (2280, avenue Bourdages Nord, Saint-Hyacinthe).

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