En particulier sur le scandaleux cas de la résidence Herron de Dorval où 31 personnes sont décédées depuis le 13 mars, dont cinq officiellement de la COVID-19. Pour les autres, il faudra attendre les résultats des analyses en cours, de l’enquête du coroner ou même policière tellement cette affaire a soulevé l’indignation politique et populaire.
Est-ce un cas de négligence extrême et isolé? C’est à souhaiter, même si c’est un cas de trop. Il faut d’ailleurs saluer la décision du gouvernement qui n’a pas tardé à dépêcher des équipes dans tous les CHSLD privés et publics de la province afin de constater la situation, voire les dégâts. Il s’en trouvera peut-être certains pour sourciller à l’emploi de la formule « qui n’a pas tardé ». Effectivement, lorsque nous pourrons faire le bilan de toute la gestion entourant la réponse gouvernementale à cette pandémie, à tête reposée (!) entre deux vagues, nous découvrirons sans doute qu’il y a eu des ratés dans le système et sur le terrain. Que nos gouvernements l’ont échappé à quelques reprises. On l’a vu la semaine dernière quand le gouvernement Legault s’est emmêlé les pinceaux avec les dossiers du retour à l’école et de l’annulation des activités sportives, des sujets bien anodins comparés à l’état des stocks d’équipements de protection médicaux, de la pénurie de médicaments, des situations dans les hôpitaux et surtout des drames humains qui se jouent dans nos CHSLD. Des établissements où les visites ont été interdites depuis le 14 mars, refoulant du même coup à l’extérieur les précieuses sentinelles que sont les aidants naturels.
Pas facile de savoir ce qui se passe dans une résidence lorsque l’on ne peut y mettre les pieds.
Anticiper des feux est une chose, les éteindre est une autre. On l’a vu, des efforts considérables, voire colossaux, ont été consacrés en début de crise pour vider nos hôpitaux et les préparer à faire face à la vague. À la lumière des décès survenus jusqu’ici et des histoires préoccupantes qui ont émané de résidences pour personnes âgées, on se demande si on n’a pas négligé tout un pan de danger.
Si la situation des CHSLD ne se trouvait pas dans l’angle mort du combat à livrer face à la COVID-19. Puisqu’on dit depuis le début que les personnes âgées sont les plus vulnérables et qu’il faut les protéger à tout prix, a-t-on mis assez de ressources pour le faire là où elles sont regroupées? À cet effet, il est certes permis de s’interroger sur la décision de faire de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe le point de chute des soins contre le virus, en y transférant des cas suspectés et confirmés de COVID-19 en provenance des résidences privées et des ressources intermédiaires du territoire. On a fait entrer le loup dans la bergerie, ont dénoncé avec vigueur des employés et des proches parents, alors qu’il n’y avait aucun cas confirmé à l’Hôtel-Dieu avant les premières admissions. Le gouvernement tenait au même moment des propos contradictoires sur comment et où traiter les personnes âgées aux prises avec le virus. Encore aujourd’hui, on peut questionner le bien-fondé de faire de l’Hôtel-Dieu le dépanneur régional de la lutte à la COVID-19, même s’il est certain que toutes les résidences pour personnes âgées de la région n’ont pas le même degré de préparation pour traiter les malades ou les cas particuliers.
On sait aussi que des personnes âgées ont été transférées à l’Hôtel-Dieu, puis retournées dans leur foyer d’origine. Drôle de fling-flang en ces temps de pandémie. Aux dernières nouvelles, cette unité de l’Hôtel-Dieu était toujours opérationnelle et les transferts autorisés. On peine à saisir la logique. Il faut toujours faire la balance des avantages et des inconvénients de chaque situation et de chaque décision, me faisait remarquer avec justesse le Dr Gilles Viens, l’une des sommités régionales au niveau gériatrique, en disant comprendre le raisonnement des autorités dans ce dossier. Le Dr Viens est un homme plein de sagesse.
Parlant de sagesse, François Legault semble en avoir une bonne dose, lui qui a pris l’engagement de faire de la question des aînés la prochaine grande préoccupation de son gouvernement. Effectivement, cela était peut-être plus criant que l’abolition des commissions scolaires. Si le décès révoltant d’un enfant de Granby a suffi pour mettre sur pied une commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, une version aînés est d’une nécessité absolue.