Après plusieurs demandes placées auprès des instances politiques afin de nous aider à maintenir nos services en période de crise sanitaire, on reçoit toujours les mêmes réponses : « un plan en itinérance s’en vient », « on travaille à faire quelque chose pour les organismes communautaires ». On ne reconnaît pas les organismes en hébergement communautaire jeunesse dans ces réponses. En temps de crise ou non, les particularités de l’itinérance jeunesse sont noyées dans des mesures touchant davantage l’itinérance chronique des populations plus âgées.
Une maison d’hébergement jeunesse en activité 24/7 a les mêmes besoins financiers, et ce, peu importe les personnes hébergées que toute autre ressource d’hébergement. Elle paie le même tarif en électricité, la même facture d’épicerie, a besoin du même nombre de travailleurs et travailleuses et plus encore, mais pourtant, les Auberges du cœur n’ont accès qu’à une fraction du financement que certaines reçoivent! Pourquoi une telle différence? Pourtant, jour et nuit, nos travailleurs et travailleuses sont au poste, même en temps de guerre contre la COVID-19!
On nous répète que nous sommes un service essentiel, mais nous n’avons plus les moyens de suivre le rythme imposé par la lutte contre le coronavirus. Les Auberges du cœur étaient, bien avant cette crise, tenues à bout de bras par des travailleurs et travailleuses dévoué.e.s qui réussissaient à incuber des histoires fantastiques avec les jeunes qui y entraient, souvent parce qu’ils et elles n’avaient nulle part d’autre où aller. La crise sanitaire vient exercer une pression énorme sur des ressources déjà fatiguées et fragilisées.
On nous demande de garder nos services ouverts et, croyez-nous, les Auberges du cœur ne souhaitent que ça, maintenir leurs services pour les jeunes. Elles ne souhaitent pas qu’ils et elles vivent la rue, l’isolement, l’insécurité alimentaire et plus encore. Pour que nos ressources, qui accueillent et soutiennent des jeunes 24 heures par jour, 7 jours par semaine, puissent continuer en ces temps difficiles, nous avons besoin que la reconnaissance transite par un soutien financier et matériel.
Comme le soutien financier offert aux maisons d’hébergement pour femmes a permis d’illustrer la volonté politique de maintenir ces services essentiels, nous croyons qu’il est aussi possible d’offrir des moyens concrets pour soutenir les milieux d’hébergement communautaire jeunesse. Aujourd’hui, ce sont les jeunes vivant des difficultés ou en situation d’itinérance qui auront besoin de cette volonté.
Monsieur le premier ministre, vous qui êtes responsable des dossiers jeunesses au Québec, il est grand temps de reconnaître le travail exceptionnel que les ressources d’hébergement communautaire jeunesse fait au quotidien et de leur donner les moyens financiers de rester des piliers dans leurs communautés.
Johanne Cooper, directrice de la Maison Tangente à Montréal et présidente du Regroupement des Auberges du cœur du Québec Suzanne Demers, directrice, Auberge du cœur Le Baluchon, Saint-Hyacinthe