« Est-ce qu’on va être capables de repartir en septembre? Est-ce qu’on va être capables de repartir tout court? Est-ce qu’on va pouvoir faire une activité où il y a une grande proximité entre les athlètes? » Le dilemme est bien réel pour celle qui porte à bout de bras son club depuis près de 15 ans.
Dans cette période de grande incertitude, Jessika Gardner se questionne même si son club pourra surmonter la crise une fois qu’elle sera terminée. « Ce qui m’inquiète en ce moment, c’est tout le côté financier », avouait-elle lors d’un entretien téléphonique avec LE COURRIER la semaine dernière, quelques jours avant que le gouvernement fédéral annonce un fonds de 500 M$ alloué à Patrimoine Canada pour les domaines des arts, de la culture et du sport.
Tout l’aspect de distanciation sociale, promise de durer encore plusieurs mois, risque aussi de perturber la reprise de ses activités régulières. « Je ne sais pas comment on va pouvoir reprendre ce sport-là, comment on va pouvoir le pratiquer avec une distanciation sociale », se questionnait-elle.
Les cours qui restaient à la session sont présentement offerts aux athlètes dans une formule revue via la plateforme en ligne Zoom. À défaut de permettre de travailler sur des routines, ces entraînements misent davantage sur l’amélioration de la posture et de la flexibilité, notamment.
Quant au local qu’utilise habituellement le club pour ses entraînements, au pavillon Soleno, il a été réquisitionné à la fin mars en prévision du déploiement d’une salle de dépistage de la COVID-19 si les besoins devenaient criants dans la région. Le local a été vidé de tout son matériel de cheerleading par Mme Gardner et des membres de son conseil d’administration quelques heures après en avoir été avisés.
Une grande saison à l’eau
Cette saison qui vient de se terminer abruptement était l’une des plus grandes dans l’histoire de ProCheer.
« C’était la première fois qu’on qualifiait deux équipes pour les Worlds, a confié Mme Gardner. On avait aussi une autre équipe qualifiée pour un championnat du monde dans une autre catégorie. […] C’était vraiment une belle saison qu’on avait. C’était la première fois qu’on avait nos qualifications aussi tôt dans la saison. »
Pas moins de 70 athlètes du club devaient se rendre en Floride du 22 avril au 3 mai pour ces rendez-vous. Ceux-ci devraient être reportés à une date ultérieure, mais ProCheer a déjà signifié à ses athlètes qu’ils n’iraient pas, vu la complexité logistique provoquée par la crise.
« Ils comprennent, mais c’est décevant parce que, pour beaucoup d’entre eux, c’était leur première expérience à une compétition aussi importante. Il y en a d’autres qui devaient mettre fin à leur carrière de cheerleading avec cette compétition. »
Du côté du championnat national, l’option d’un report semblait toujours sur la table, mais les équipes de ProCheer qui étaient qualifiées n’y seront pas non plus. Au niveau québécois, le championnat provincial avait déjà été annulé.
La crise de la COVID-19 a aussi contraint le club maskoutain à annuler sa compétition Cheer-Up, qui devait justement avoir lieu samedi dernier, le 18 avril. En plus de permettre à toutes ses équipes de se mesurer à plusieurs dizaines d’autres clubs de partout au Québec, ce rendez-vous se veut une activité de financement importante pour ProCheer.
« On offre nos saisons à des coûts moins chers grâce à cet événement et, là, il ne se tient pas », s’est désolée Jessika Gardner.
Elle a néanmoins décidé de ne pas augmenter ses tarifs en vue de la prochaine saison pour ne pas ajouter au fardeau des parents sur le plan financier. Elle conservera aussi le même uniforme pour éviter de refiler des coûts supplémentaires aux membres actuels.
La DG de ProCheer se demande quand même si assez d’athlètes vont s’inscrire lorsque la tempête sera traversée pour qu’elle puisse couvrir tous les frais fixes qu’elle doit débourser.
« J’essaie de rester optimiste et je me dis que je vais rouvrir. J’ai toujours été une battante, je me suis toujours battue pour avoir ce que je voulais, alors je garde confiance », a-t-elle conclu.