Selon des documents que nous avons obtenus auprès du syndic Raymond Chabot, EKÇA Saute avait accumulé un passif (des dettes) de 406 364 $ auprès de ses différents créanciers. En revanche, son actif (ses biens et équipements) était estimé à 330 000 $, ce qui laissait entrevoir un manque à gagner de 76 364 $.
De façon détaillée, les dettes à l’égard des créanciers garantis s’élèvent à 330 004 $. On retrouve parmi eux la Banque Toronto-Dominion avec une créance de 295 000 $ ainsi que Femmessor, une organisation dédiée au développement de l’entrepreneuriat féminin par l’octroi de prêts conventionnels et en capital-actions. Cette dernière s’était engagée dans le financement du centre d’amusement maskoutain pour un montant de 35 000 $.
Du côté des créanciers non garantis, qui sont au nombre de 31, les dettes s’élèvent à 76 360 $. Deux principaux créanciers non garantis sont particulièrement touchés, dont la propriétaire Claudia Pincince. Elle chiffre sa propre réclamation à 30 000 $. Placement Maska, à titre de propriétaire et locateur des lieux, risque de laisser 25 823 $ dans cette aventure. La première assemblée des créanciers aura lieu le 7 mai par conférence téléphonique.
La faute à la COVID-19
Sur son site Internet, la direction d’EKÇA Saute a motivé sa fermeture par la situation économique rendue difficile par la pandémie de COVID-19. Comme bien d’autres au Québec, ce commerce avait été contraint de fermer temporairement ses portes à la mi-mars afin de respecter les mesures décrétées par le gouvernement du Québec. « Dans le contexte de la crise actuelle, nous tenions vraiment à être solidaires et passer au travers avec vous. Cependant, nous ne pouvons pas poursuivre notre belle aventure. C’est avec regret que nous tenons à vous informer que la situation économique liée à la COVID nous oblige à cesser nos opérations », a annoncé la direction, qui a aussi rapidement fermé sa page Facebook et son site Internet.
L’annonce de cette fermeture précipitée, relayée par LE COURRIER, s’est répandue comme une trainée de poudre sur le web ainsi que sur les réseaux sociaux. Plusieurs ont exprimé leur déception et quelques-uns se sont demandé ce qu’il adviendrait de l’argent de leurs réservations laissé en dépôt ou encore de leur abonnement. Claudia Pincince n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.
Aucun signal
Il semble qu’aucun signal n’ait été envoyé par la propriétaire d’EKÇA Saute en direction de Saint-Hyacinthe Technopole, le bras économique de la Ville de Saint-Hyacinthe. On ne pouvait donc que déplorer cette conclusion malheureuse.
« C’était un concept de jeux très original à Saint-Hyacinthe, c’est donc très triste, cette fermeture. Naturellement, dans un contexte où les rassemblements sont interdits présentement, il est difficile de dire à quel moment EKÇA Saute aurait pu rouvrir. La crise actuelle est un défi de taille pour toutes les entreprises de ce type », a commenté Sylvain Gervais, directeur du développement commercial chez Saint-Hyacinthe Technopole, tout en précisant qu’aucune discussion n’avait eu lieu avec la propriétaire.
Ce n’est toutefois pas le premier centre d’amusement du genre à Saint-Hyacinthe à devoir fermer ses portes faute de rentabilité. On se souviendra que le centre d’amusement Maskarade avait été contraint de mettre la clé sous la porte en mai 2018, soit huit mois à peine après le démarrage de ses activités.
Il avait été emporté par une faillite d’environ 530 000 $. À ce moment, un porte-parole de Saint-Hyacinthe Technopole avait invoqué l’ouverture récente d’EKÇA Saute, en février 2018, parmi les éléments ayant plombé le plan d’affaires de Maskarade.
Véronique Lemonde et Martin Bourassa | Le Courrier