« On ne sait pas ce qui va arriver avec l’aspect culture », avoue en toute honnêteté Jo-Annie St-Amand, l’une des copropriétaires du Zaricot, dans un entretien téléphonique avec LE COURRIER.
À court terme, il ne semble pas que les spectacles en salle pourront reprendre. Et lorsqu’ils seront autorisés, tout porte à croire qu’ils ne seront pas présentés selon les mêmes standards qu’à l’habitude. Avec les mesures de distanciation sociale qui seront appelées à rester pour plusieurs mois, l’impact risque d’être grand pour le monde du spectacle. Surtout pour les plus petits diffuseurs comme le Zaricot.
« Règle générale, les spectacles, ce n’est pas ce qui est le plus payant pour nous, reconnaît Mme St-Amand. On le fait par passion et parce qu’on croit en la culture. […] On essaie de voir comment ce sera possible de continuer. Mais c’est déjà difficile d’être rentable avec des spectacles, même quand on est plein avec 160 personnes assises. Et là, on risque de ne pas pouvoir accueillir plus de 30-40 personnes pour respecter la distanciation sociale. »
Depuis la mi-mars, tous les spectacles ont été suspendus dans l’espoir d’être reportés, même si un « gros puzzle » se pointe à l’horizon. Seulement quelques-uns, comme les soirées du Retour de l’humour et des Enfants du feu, ont été carrément annulés pour l’instant.
« La chose la plus nécessaire en ce moment, c’est de ne pas demander de remboursement [tant qu’il n’y aura pas de nouvelle date]. Si tout le monde veut être remboursé en même temps, c’est sûr que ça ne marchera pas. Jusqu’à maintenant, on n’a pas eu beaucoup de personnes qui ont demandé à être remboursées. Ça démontre l’appui de la population envers leur salle et ça nous prouve qu’ils veulent continuer de voir des shows. »
En tant que PME, le Zaricot a accès au prêt du gouvernement fédéral pour les aider à passer à travers la crise. Il peut aussi bénéficier du fait que 75 % des coûts de son loyer sont enlevés de son fardeau financier durant cette période incertaine, comme l’a annoncé le gouvernement Trudeau la semaine dernière.
Quant à la reprise des activités, Jo-Annie St-Amand s’attend à ce que le volet bar du Zaricot puisse reprendre bien avant celui des spectacles, avec des mesures qui changeront inévitablement la façon de faire, tant au niveau du service que de la distanciation des tables.
« On risque de devoir réduire la capacité de beaucoup. Mais je ne pense pas que les gens vont retourner de façon agressive dans les bars. Les gens font attention à leurs dépenses en ce moment. »
Heureusement, pour les adeptes de l’endroit, la réouverture du Zaricot à la sortie de cette crise est toujours dans les plans, à moins que la situation ne s’éternise encore plusieurs mois. « La survie du Zaricot semble plausible, mais ce ne sera pas sans misère. Tout se joue dans les petites dépenses en ce moment, termine la copropriétaire. Si on n’est pas ouvert jusqu’à cet été, peut-être que j’aurai un autre discours. »