« On a dû faire des efforts de guerre pour augmenter nos effectifs », a soutenu la directrice régionale de santé publique, Dre Julie Loslier, dans une entrevue téléphonique accordée au COURRIER dans les dernières semaines.
Le fait que la région soit l’une des plus durement touchées et où l’on compte le plus de cas au Québec n’a certainement pas aidé l’équipe de santé publique de la Montérégie.
« Personne dans le réseau de la santé ne peut dire qu’il était complètement prêt pour faire face à ça », a toutefois affirmé Dre Loslier.
La DSP de la Montérégie a notamment dû faire appel à beaucoup de ressources extérieures pour gonfler les rangs des 200 employés qui se trouvaient déjà au sein de son équipe avant la pandémie. Elle a engagé une cinquantaine de personnes spécialement pour répondre aux besoins urgents, puis une centaine d’employés d’autres services de la santé publique ou du réseau de la santé dont les activités avaient été délestées ont été sollicités pour prêter main-forte à l’équipe.
L’ensemble des employés, même ceux qui faisaient déjà partie de l’équipe de la santé publique, a dû être formé pour différentes tâches, que ce soit pour les enquêtes, les suivis de contacts, la saisie de données ou la surveillance des données épidémiologiques, notamment. À la mi-juin, on comptait toujours 300 de ces employés en service au sein de l’équipe dédiée aux activités liées à la pandémie.
Interventions d’abord, chiffres ensuite
Au fil des semaines, certains décalages ont parfois été observés entre les données partagées par la santé publique et la réalité. Mais en aucun cas cela n’a mis la vie de gens en danger, a assuré Dre Loslier.
C’est qu’avec des effectifs limités pour l’ampleur de la pandémie, il a parfois été nécessaire de laisser de côté la saisie des données momentanément pour concentrer les efforts sur les interventions et les enquêtes, les plus grandes priorités de la santé publique en cette période trouble, a expliqué la directrice régionale.
« Ça ne nous a pas retardés dans nos interventions. C’est juste que, dans la compilation de données, ça a pris certains délais supplémentaires parfois », a indiqué Dre Loslier, mentionnant que la santé publique a toujours eu l’heure juste quant à la réalité sur le terrain.
Pas de données par municipalité pour les décès
À plusieurs reprises depuis le début de la crise, LE COURRIER a demandé à la Direction de santé publique de la Montérégie combien de décès avaient été enregistrés en lien avec la COVID-19 dans les différentes municipalités du territoire maskoutain, une donnée qui n’a jamais été dévoilée.
Questionnée sur le sujet, Dre Julie Loslier a répondu que l’exercice de dévoiler le nombre de décès par municipalité mobiliserait trop de ressources pour « une donnée qui n’est pas utile dans nos interventions ».
« La compilation des décès est un exercice périlleux. Chaque donnée demande un effort considérable et on doit s’assurer que ce soit fiable », a-t-elle souligné.
La donnée globale pour l’ensemble de la Montérégie était donc la seule que détenait la santé publique depuis le début de la crise. Or, une semaine après notre entretien téléphonique avec Dre Loslier, la DSP de la Montérégie dévoilait pour la première fois le nombre de décès par MRC dans un nouveau tableau dressant également le portrait quant au nombre de cas actifs et de personnes rétablies pour chacune des MRC.
À Saint-Hyacinthe, les seuls endroits où on a eu accès à des chiffres plus précis sont au Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu et à la ressource intermédiaire Manoir Deauville, dont les données ont été partagées par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est à la demande du COURRIER.