Ce n’est que lundi soir, lors de la séance du conseil, que le maire Claude Corbeil a confirmé dans son allocution que la position du conseil demeurait inchangée alors que certains espéraient davantage de souplesse en cette année où les festivals et grands rassemblements sont tous annulés à cause de la pandémie de COVID-19.
« Que ce soit un camion ou un kiosque, nous voulons éviter la compétition déloyale avec nos restaurateurs ayant pignon sur rue. Ces derniers ont des frais fixes à l’année que ce soit le loyer ou les taxes municipales. Les propriétaires de kiosques ambulants ne payent pas de taxes municipales, ça devient donc inéquitable. Les camions de cuisine de rue sont donc interdits sur la place publique incluant le stationnement d’un commerçant », a martelé le maire Corbeil.
La Ville a aussi confirmé que les propriétaires des camions et des terrains qui les accueillent illégalement s’exposeraient tous deux à des amendes salées.
À noter que LE COURRIER a trouvé des traces d’une réglementation sur les restaurants ambulants remontant à au moins 1994, signe que ce n’est pas que depuis cet été que Saint-Hyacinthe a les food trucks dans sa mire.
Déception généralisée
Les réactions ont été vives depuis la publication du premier texte de ce dossier, autant de la part des exploitants de food trucks qui considèrent qu’on leur met inutilement des bâtons dans les roues que de la population maskoutaine qui ne voit pas pourquoi on interdirait ce type de commerce.
« Dans la plupart des villes où je travaille, on peut demander un permis pour avoir droit d’installer son food truck pendant quelques jours. Ça donne de l’argent à la Ville, ça nous donne des balises et ça nous permet de faire des affaires sans problème. Mais à Saint-Hyacinthe, on a fermé cette porte », déplore Sylvain Ayotte, qui possède le camion de rue Queues de castor.
Francis Veilleux, propriétaire du food truck Le Mec & Cheese, se résigne aussi à perdre plusieurs des contrats rendus impossibles par l’imposition de la ligne dure à Saint-Hyacinthe, mais n’a pas l’intention de contester la réglementation. « On pourrait s’obstiner, mais ça ne vaudrait pas la peine parce que c’est cet été qu’on a perdu l’accès aux festivals. Si 2021 est une année normale, on n’en parle même plus, mais si on se rend compte que les événements sont annulés l’an prochain aussi, c’est sûr qu’on va pousser pour que ça change. »
De son côté, le food truck BOHEM a dû mettre fin à son partenariat avec le café Chez Luc situé dans le secteur de l’Annexe et passera l’essentiel du mois de juillet au Quartier Dix30, signe que si Saint-Hyacinthe ne veut pas de ces commerces sur son territoire, d’autres municipalités vont les accueillir à bras ouverts.
Mais malgré leur déception, les propriétaires de food trucks ne peuvent se permettre de bouder Saint-Hyacinthe dans le cadre des événements spéciaux où ils seront invités. « Si j’étais indépendant de fortune, ça serait peut-être différent, mais si la Ville m’appelle pour être à des événements comme Saint-Hyacinthe en blanc, je ne peux pas ne pas y aller, même si j’ai l’intention de faire savoir que je trouve ordinaire la décision de nous interdire le reste de l’année », reconnaît M. Veilleux.
Mieux que rien
La principale bonne nouvelle dans la clarification de la position de la Ville est qu’il est permis d’aller sur un terrain privé à condition que ce soit en tant que service de traiteur, une certaine consolation selon Sylvain Ayotte. « C’est sûr que ce n’est pas les mêmes rentrées d’argent, mais j’avais peur que la Ville en vienne aussi à interdire ce volet. Au moins, ça nous permet encore de travailler dans notre propre ville. »
Il maintient aussi que cela ne demande qu’un peu de bonne volonté aux élus pour revoir la réglementation et permettre, sous certaines conditions, à des food trucks de s’installer pour quelques jours à Saint-Hyacinthe. « Par exemple, un permis pour une fin de semaine coûte généralement entre 350 et 500 $ selon la municipalité. Les permis pourraient être demandés à quelques semaines d’avis et on pourrait avoir un nombre de sorties limitées durant la saison. Ça se fait déjà un peu partout si les élus veulent s’en inspirer. »
Et comme 2021 sera une année électorale au niveau municipal, on a demandé à Francis Veilleux s’il pensait que la question des food trucks pourrait devenir un enjeu électoral à Saint-Hyacinthe. « Je n’irais pas me présenter aux élections, mais si une personne se présente à la mairie avec une mentalité qui n’est pas vieille de 50 ans, c’est sûr qu’il aura mon vote », lance-t-il.