L’UPA n’est pas passée par quatre chemins pour contrecarrer les plans de la MRC des Maskoutains. Elle ne voyait dans cette tentative de dézonage que du réchauffé.
Selon l’organisation syndicale, cette demande d’exclusion ressemblait en tout point à celle qu’avait formulée, sans succès, la Ville de Saint-Hyacinthe quelques mois plus tôt. Cette demande avait été rejetée par la CPTAQ, mais le verdict n’a jamais été contesté par la Ville de Saint-Hyacinthe ou la MRC des Maskoutains devant le Tribunal administratif du Québec (TAQ). « Cette [première] décision est non seulement valide, mais est acceptée par toutes les personnes intéressées au dossier. “Qui ne dit mot consent.” À nos yeux, le silence de la Ville de Saint-Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains était le signe qu’ils acquiesçaient à la décision de la Commission. »
L’UPA s’était faite cinglante à l’égard de cette deuxième tentative portée par la MRC. « La Commission n’est pas un tribunal de deuxième chance, souligne-t-elle. Une deuxième demande ne peut pas être déposée à la Commission afin de permettre à la demanderesse de répondre à des questions qui étaient restées en suspens à la suite d’une rencontre publique. Si la Ville ou la MRC souhaitaient une décision différente pour leur dossier, elles n’avaient qu’à répondre aux questionnements de la Commission ou contester la précédente décision devant le TAQ. »
Des options pour Exceldor
En s’opposant à la demande de la MRC, l’UPA ne s’est pas contentée de reproduire ses anciennes objections. Comme elle l’avait fait lors de la première demande, alors qu’elle avait mis en lumière un terrain de 38 hectares au bout du parc industriel Théo-Phénix à titre de possible plan B pour l’usine Exceldor, elle a de nouveau sorti quelques lapins de son chapeau. Selon l’analyse de l’UPA, de nombreuses options, outre les terres agricoles près du parc Olivier-Chalifoux, s’offrent à Exceldor pour déménager son usine de Saint-Damase.
Parmi celles-ci, l’UPA cible tout particulièrement un terrain de 17 hectares situé dans le parc industriel de la Cité de la biotechnologie et qui répond aux conditions nécessaires à l’implantation du projet. Le syndicat rappelle que Québec avait cédé gratuitement à la Ville de Saint-Hyacinthe en 2003 quelque 23 hectares de terrain à la Cité pour lui permettre d’établir le développement de son parc technologique.
« Près de 17 ans plus tard, note l’UPA, il est possible de constater que seulement 6 hectares ont été utilisés sur la totalité des lots (23 ha) cédés à la Cité de la biotechnologie. Nous nous questionnons donc sur les choix qui ont été faits dans le passé par l’administration municipale. Est-ce que les superficies réquisitionnées étaient trop grandes par rapport à la demande qui en a été faite dans les dernières années? Est-ce qu’il aurait été envisageable de conserver une partie de ces lots afin d’y faire du développement industriel? », se demande l’UPA.
Elle ajoute du même souffle que ces terres pourraient être disponibles [puisque déjà dézonées] et assurément un site de moindre impact pour les activités agricoles.
Outre ce terrain à Saint-Hyacinthe, l’UPA estime que trois autres sites identifiés au schéma d’aménagement de la MRC comme étant des territoires de développement à long terme auraient dû être analysés par la MRC.
Elle cible un site entre le Boisé-des-Douze et les deux chemins de fer; un site à l’angle de l’avenue Triquet et de la rue Mercier; et un site entre le quartier Saint-Thomas-d’Aquin, le boulevard Laframboise et l’autoroute 20.
Et pourquoi pas Saint-Damase?
En dehors de la ville-centre, l’UPA attire les regards en direction de la municipalité de Saint-Damase.
Contrairement à la position défendue par la MRC (voir texte page 18), l’UPA juge le site de Saint-Damase « particulièrement intéressant » pour l’implantation du projet d’Exceldor. « Il n’y a rien dans les informations présentées par la MRC qui permet de justifier adéquatement le rejet de ce site. Selon les documents consultés, nous croyons que la municipalité de Saint-Damase aurait la capacité de fournir l’eau potable et de gérer les eaux usées d’un tel projet », prétend l’UPA.
Cette dernière s’interroge sur le fait que la MRC n’a pas poussé la recherche de sites de moindres impacts en zone agricole sur l’ensemble de son territoire. Encore là, il semble que la municipalité de Saint-Damase se démarque avantageusement. « Pourquoi les lots en zone agricole situés tout juste derrière l’actuel abattoir d’Exceldor n’ont-ils pas été évalués par la MRC? Est-ce qu’un agrandissement de cet abattoir aurait nécessité moins de superficies en zone agricole? Nous déplorons le fait que la MRC ne semble pas avoir évalué cette option. »
L’UPA estime aussi que la MRC a eu tort d’écarter des sites à Saint-Pie, dans la mesure où la municipalité ne dispose pas des infrastructures nécessaires en matière d’approvisionnement en eau potable et en traitement des eaux usées. « Nous nous questionnons à savoir s’il aurait été envisageable pour le promoteur du projet de répondre lui-même à ses besoins en se dotant d’un puits et d’un système de traitement des eaux usées. […] Cette alternative aurait dû être envisagée. »
Enfin, l’UPA a profité de l’occasion pour réfuter plusieurs allégations de la MRC, dont celle voulant que le fait que Saint-Hyacinthe soit considérée comme la Technopole agroalimentaire du Québec devrait militer en sa faveur et qu’une décision défavorable de la CPTAQ vienne mettre à mal son statut et son développement futur. « Ce statut qu’a la ville de Saint-Hyacinthe doit permettre de soutenir le développement de l’agriculture et non pas de lui arracher son territoire agricole en utilisant ce prétexte. »
Tout bien calculé, l’UPA juge que « le potentiel de développement économique qui pourrait être engendré par une autorisation à la présente demande ne pourrait jamais compenser les pertes de terres agricoles et les impacts négatifs causés aux activités agricoles existantes et potentielles ».