Au moment d’écrire ces lignes, sept d’entre eux étaient toujours logés temporairement à l’hôtel, selon la coordonnatrice du comité Logemen’mêle, Alexandra Gibeault, qui travaille à leur relocalisation en concertation avec l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton et la Ville de Saint-Hyacinthe. Un appel a même été lancé par la Municipalité sur les réseaux sociaux à tous les propriétaires privés qui auraient des logements disponibles. Plus spécifiquement, les regards se sont rapidement tournés vers Groupe Sélection, sachant l’intérêt du promoteur pour les immeubles de l’avenue Saint-François, qui ont pour la plupart été évacués de leurs locataires dans la dernière année pour faire place à un éventuel complexe pour retraités.
L’un de ces bâtiments aurait en effet représenté l’option idéale pour la relocalisation des sept sinistrés, a indiqué la coordonnatrice du comité Logemen’mêle. Actuellement vide, il abrite huit 2 et demie. « Ce serait parfait » pour les besoins des sinistrés, a-t-elle constaté. Après tout, l’emplacement est à quelques pas de leur ancien logement de la rue Saint-Antoine. « Ces personnes sont attachées au centre-ville. Leurs racines sont ici », a rapporté Alexandra Gibeault, précisant que le séjour à l’hôtel ne peut être considéré comme une solution à long terme.
Oui, non, peut-être?
Elle a rapporté que l’approche auprès de Groupe Sélection a d’abord été encourageante. Le promoteur a accepté de fournir cet immeuble, avant de se rétracter le 24 juillet. C’est à ce moment que la situation a été rendue publique sur la page Facebook du comité Logemen’mêle et que le député de Saint-Hyacinthe-Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay, a ajouté son grain de sel en invitant formellement le promoteur à reconsidérer sa décision.
Groupe Sélection a alors répondu au député qu’il était impossible d’accéder à cette demande puisque les logements sont « impropres à recevoir des locataires ». Le député a ensuite demandé de constater cette situation en personne. Joint mardi, ce dernier a indiqué ne pas avoir eu d’invitation pour le moment.
La coordonnatrice du comité Logemen’mêle s’est toutefois montrée peu convaincue par la raison invoquée. « J’ai des témoignages de trois personnes qui ont visité l’immeuble dans les deux dernières semaines et qui ont constaté qu’il est très propre à l’habitation », a-t-elle rapporté. Ne se disant « pas prêt à trancher » sans avoir été lui-même sur place, M. Savard-Tremblay a tout de même affirmé qu’il réitère sa demande, soit que le promoteur accepte de rendre l’immeuble disponible aux sinistrés. « C’est toujours mieux que des lits de camp », a-t-il évoqué pour illustrer l’absence d’alternative.
Dans sa réponse, Groupe Sélection a aussi soulevé que les logements de l’avenue Saint-François ne peuvent être considérés comme une solution de « longue durée ». Il serait même « indécent » d’accepter les sinistrés pour qu’ils soient ensuite « forcés de quitter dans les prochaines semaines », a justifié Groupe Sélection. Alexandra Gibeault a rétorqué qu’il est toujours possible de s’entendre sur ces conditions. « On n’est pas là pour juger. L’enjeu, c’est de les sortir de l’hôtel », a-t-elle fait valoir.
Aux dernières nouvelles, Groupe Sélection était en discussion avec la Ville sur ce dossier et demeure « en réflexion » sur la suite à donner, a rapporté Mme Gibeault. Au moment de publier, mercredi, l’issue du dossier était toujours incertaine, mais des développements étaient attendus prochainement.
Le fridöm en marche
Invité à commenter le dossier, le promoteur a envoyé au COURRIER la même réponse que celle transmise au député. Cette situation vient toutefois révéler que le promoteur a finalement commencé ses acquisitions sur l’avenue Saint-François, un an après l’annonce officielle du projet. Sur les cinq immeubles visés, Groupe Sélection est récemment devenu propriétaire de deux d’entre eux, a confirmé l’entreprise. La prochaine étape est de « finaliser l’acquisition des autres immeubles », a précisé la vice-présidente aux affaires publiques et aux communications corporatives, Mylène Dupéré. On ignore s’il reste encore des locataires à cet endroit.
Au comité Logemen’mêle, on souligne par ailleurs que le plus récent sinistre ne vient que mettre une nouvelle fois en lumière le manque criant de logements abordables à Saint-Hyacinthe, quelques jours à peine après le 1er juillet. Sans tenir compte des sinistrés, au moins sept autres foyers sont toujours en attente d’une solution permanente pour se loger, a d’ailleurs rapporté Alexandra Gibeault.