Lors de la séance du comité tenue à l’hôtel de ville, des descendants de Jacques Nichols et d’autres résidents de la rue Girouard ont plaidé pour la conservation de cette demeure située à l’extrémité ouest de la rue, tout près de l’usine de filtration. Le nouveau propriétaire, Raymond Joyal, a quant à lui fait valoir qu’il n’y avait pas d’autre alternative que la démolition, vu l’état du bâtiment.
Mauvaise communication
Les deux parties ont pourtant transigé dans la dernière année, la famille Nichols ayant vendu la propriété à la suite du décès du patriarche, Jacques Nichols, bien connu à Saint-Hyacinthe en tant que vétéran des Forces armées canadiennes et sportif accompli. « Ça ne m’est jamais passé par l’esprit en vendant la maison qu’elle puisse disparaître », a exprimé Élise Nichols, qui a rappelé le contexte particulier de la pandémie, qui a fait en sorte que le vendeur et l’acheteur ne se sont jamais rencontrés.
Au contraire, au moment d’acquérir l’immeuble, « c’était clair » pour Raymond Joyal que la démolition s’imposerait. « Je suis entrepreneur dans la région depuis 45 ans. J’en ai fait des rénovations », a-t-il dit en se présentant. « C’est malheureux, mais celle-là, je ne peux pas la garder », a-t-il statué en parlant de la maison en question, invoquant les « sommes colossales » nécessaires pour la remettre en état.
C’est pourtant le lot de la plupart des maisons ancestrales du secteur, a cependant soutenu Alain Vaillancourt, un résident de la rue Girouard. Il est bien placé pour connaître les efforts que les propriétaires doivent consentir lorsque vient le temps de restaurer un immeuble patrimonial. Il a par ailleurs soulevé que ces considérations devraient normalement être évaluées lors de l’inspection avant l’achat afin d’ajuster le prix en conséquence.
Pour sa part, Élise Nichols a avoué qu’elle croyait, « peut-être naïvement », que des règlements municipaux protégeaient les maisons comme celle de sa famille. Après tout, son père avait toutes les misères du monde « à faire changer une porte » sur sa maison, a-t-elle cité en exemple pour illustrer la rigidité des règles appliquées dans cette zone. Elle a également assuré vouloir sauvegarder « l’histoire de la ville » bien avant le patrimoine familial. « Je suis née sur la rue Girouard et j’ai vu beaucoup de choses disparaître au fil des années… et pas toujours pour le mieux », a-t-elle exprimé.
« Saint-Hyacinthe est une ville d’histoire. Il faut préserver les maisons ancestrales qu’il nous reste. C’est important pour les jeunes », a également exprimé Daphné McKenzie, la petite-fille de Jacques Nichols. Elle et M. Vaillancourt ont par ailleurs vanté l’apport de cette maison dans le secteur. Elle « donne le ton à la rue Girouard lorsqu’on arrive depuis la Porte des Maires », ont-ils soulevé. D’autres citoyens ont partagé des avis similaires, arguant surtout qu’accorder ce permis de démolition créerait un « précédent » sur la rue Girouard et que d’autres maisons pourraient y passer par la suite.
Projet à fignoler
Le projet à cet endroit consiste à remplacer le bâtiment par une résidence unifamiliale. Les plans n’ont pas encore été approuvés par le comité consultatif d’urbanisme, après un premier refus. « Je vais retravailler le projet. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Ça n’aura pas l’air d’une boîte à chaussure », a assuré Raymond Joyal dans sa présentation.
C’est après que ces avis eurent été partagés que le comité a décidé qu’il faudrait des analyses plus poussées avant d’accorder ou de refuser le permis. Seule la décision a été dévoilée au public puisque les délibérations se sont tenues à huis clos. Les élus Bernard Barré, Claire Gagné et Stéphanie Messier siègent au comité de démolition.