Avec une limite de 20 places au total, quelques résidents du secteur se sont tout de même déplacés à l’hôtel de ville pour remettre une pétition de plus de 120 noms en faveur du maintien du zonage actuel. Le maire Corbeil avait toutefois au préalable annoncé l’intention du conseil de « poursuivre le processus » réglementaire dans ce dossier. Les interventions citoyennes qui se sont succédé n’ont pas ébranlé cette volonté, dans une dynamique qui est maintenant devenue presque un rituel pour le conseil dans les dossiers urbanistiques controversés.
« Ça répond à notre vision du développement pour Saint-Hyacinthe », a justifié le maire Claude Corbeil. S’il reconnaît que de tels projets immobiliers peuvent amener un « changement dans le paysage qui peut décevoir le voisinage immédiat », le rôle du conseil est « d’agir dans l’intérêt de l’ensemble de la collectivité », a ajouté le maire.
Pour une implantation harmonieuse
Les citoyens plaidaient pour le maintien de la « zone tampon » déjà existante le long de l’avenue des Grandes-Orgues, où le nombre d’étages est limité à deux. La première phase du Quartier M prévoit plutôt des immeubles de quatre étages. « C’est juste une bande de terrain en face de la rue », a lancé Robert Duperron, un résident du secteur, pour illustrer que l’opposition ne vise pas l’ensemble du projet ou la densification résidentielle en elle-même.
Dans la même veine, un autre citoyen, Xavier Larocque, a jugé que « la zone tampon pourrait être améliorée » dans ce projet. « On vient d’expliquer que c’est la quatrième mouture. […] Est-ce qu’on pourrait essayer une cinquième? », a-t-il proposé dans l’optique de rallier les citoyens. « Le conseil s’est trouvé satisfait de cette mouture-là », a répondu la directrice générale adjointe de la Ville, Chantal Frigon. Elle a aussi fait remarquer qu’une rue sépare le Quartier M du quartier existant, à savoir l’avenue des Grandes-Orgues.
Avec des immeubles de quatre étages (et même trois étages en façade pour l’un d’eux), la construction du Quartier M « peut être considérée harmonieuse dans un secteur composé entre autres de maisons de ville », a lu le maire Corbeil, précisant que la distance entre les nouvelles constructions et les existantes sera d’au moins 30 mètres. « La plantation prévue d’arbres en cour avant viendra atténuer la différence de hauteur », a-t-il aussi ajouté, citant les informations provenant du Service de l’urbanisme.
La présidente du Groupe Robin, Nellie Robin, a aussi pris la parole pour répondre aux critiques exprimées ce soir-là. Elle a vanté toutes les démarches réalisées dans les deux dernières années pour impliquer le plus de parties concernées. « Jamais un projet n’aura fait une si grande place à la collaboration » à Saint-Hyacinthe, a-t-elle déclaré, rappelant aussi que le principe du développement durable sera au cœur du Quartier M. Nellie Robin a aussi fait valoir le besoin criant en matière de logements dans la ville, promettant « des logements qui tiennent compte de la capacité de payer des Maskoutains ».
À bas les murs!
Pour Richard Gaudreau, un résident de l’avenue Laperle, les enjeux qui posent problème dans ce dossier se résument à « une question de trafic et de hauteur ». « Pourquoi il y a autant d’acharnement de la part du promoteur? Un projet qui est bien fait, il n’y en a pas de contestation », a-t-il lancé. À titre d’exemple, il a aussi dénoncé le fait qu’un immeuble de plusieurs étages a pu être construit il y a quelques années juste derrière sa maison, un véritable « mur », a-t-il dénoncé.
Cette référence au « mur », des citoyens de la rue Terry-Fox ne la comprennent que trop bien depuis la construction du complexe Le Saphir. Voyant ce qui se passe du côté du Quartier M, des résidents ont tenu à rappeler qu’ils vivent encore aujourd’hui avec ce gigantesque écran visuel qui s’est ajouté derrière leur résidence, en plus des désagréments sonores occasionnés par les opérations de ce complexe, qui pourrait abriter jusqu’à 280 personnes à terme.
Pas d’objection
Le règlement augmentant le nombre d’étages et la densité résidentielle le long de l’avenue des Grandes-Orgues a finalement été adopté à l’unanimité. La conseillère du secteur, Claire Gagné, ne s’est pas exprimé sur le sujet pendant la séance et n’a ni proposé ni appuyé la résolution. Interpellée par LE COURRIER, elle a reconnu qu’il s’agit d’un dossier « très sensible ». « Il y a eu beaucoup d’échanges autour de ce dossier, mais je pense que tout a été dit », a-t-elle commenté. Comme ses collègues, en pesant les pour et les contre, elle a convenu que le processus devait aller de l’avant. L’accent mis sur le développement durable et la présence d’un stationnement souterrain qui vient limiter la présence d’asphalte en cour extérieure auront par exemple contribué à faire pencher la balance, a indiqué Mme Gagné, qui reconnaît aussi le besoin de logements à Saint-Hyacinthe.
Lundi soir, elle s’est également montrée ouverte à ce que les citoyens puissent s’exprimer par la voie du référendum. Depuis, des développements dans le dossier ont fait en sorte que cette démarche ne sera finalement pas réalisée.