13 août 2020 - 14:30
Mouvement de personnel : les leçons de la première vague
Par: Maxime Prévost Durand

L’une des grandes leçons de la première vague aura été qu’il faut éviter les mouvements de personnel entre les zones chaudes et froides, une pratique que la PDG du CISSSME, Louise Potvin, a confirmé avoir été obligée d’employer dans des situations « extrêmes ».

« C’est arrivé au printemps », a-t-elle avoué en réponse à une question du COURRIER.

Mme Potvin a toutefois plaidé que les médecins aussi ont dû se promener d’un étage à l’autre parfois et que cela n’a pas soulevé un tolé, contrairement aux préposées aux bénéficiaires et aux infirmières.

« Au Québec, les médecins sont tantôt sur une unité pour soigner un client qui a la COVID-19 et peuvent aller sur une autre unité en tant que spécialiste pour soigner un client qui n’est pas porteur de la COVID. Et on n’en fait pas de drame dans les médias », a-t-elle martelé.

Cela dit, elle est consciente qu’il y a des leçons à tirer des derniers mois.

« Partout au Québec, on a appris à travers cette pandémie. La main-d’œuvre disponible, qui est tout de même limitée, fait en sorte qu’on a eu ce genre de déplacements [d’employés de zone chaude à zone froide], mais c’était dans des situations où, si on ne le faisait pas, on aurait vraiment mis à risque certaines unités de soins. On a quand même plusieurs employés qui se sont avérés contaminés à la COVID-19. Certains l’ont attrapé dans la transmission communautaire, mais il y a quand même 189 employés dans le Réseau Richelieu-Yamaska [Beloeil, Saint-Hyacinthe, Acton Vale] qui ont eu un diagnostic de COVID-19 », a souligné Mme Potvin.

L’objectif, à ce moment, était d’éviter qu’il y ait des bris de services, a-t-elle précisé. « Si votre mère est dans une unité de l’Hôtel-Dieu et que, parce qu’il y a des absences de maladie et des gens retirés à cause de la COVID-19, au lieu d’avoir dix employés il y en a trois, est-ce que vous préféreriez que je laisse votre parent avec trois employés seulement ou je m’assure d’avoir un minimum de sept personnes pour franchir un seuil de sécurité? Quand on parle d’éviter des bris de services, c’est ça. Mais on ne veut pas faire ces choix-là à l’automne, alors c’est pour ça que, sur le plan des préposées aux bénéficiaires, je pense qu’on va être en excellente position [avec ceux qui sont en formation présentement]. »

À ce niveau, Mme Potvin a indiqué que 178 personnes suivent présentement la formation de préposées aux bénéficiaires condensée, lancée par le gouvernement en juin, à l’école professionnelle de Saint-Hyacinthe. Ceux-ci sont inclus dans les 549 étudiants en formation sur le territoire du CISSSME, qui s’étend jusqu’à Sorel et Longueuil. Ces personnes seront formées spécifiquement pour travailler en CHSLD. À leur sortie de l’école, elles seront « attitrées à des unités dans des centres d’hébergement et seront fixes pour toute la période de la pandémie ».

La PDG du CISSSME s’attend même, cet automne, « à avoir beaucoup plus de préposées que les besoins requis », un atout important si la crise reprenait de l’ampleur. « On veut ajouter du personnel dans nos centres d’hébergement, bien au-dessus des équipes régulières, parce que dans une période de transmission importante, si on venait à fermer les visites et l’entrée des proches aidants [à nouveau], on aurait suffisamment de personnes pour donner tous les soins et les services. »

Louise Potvin a néanmoins souligné qu’il y a toujours eu le personnel nécessaire à l’Hôtel-Dieu au plus fort de la crise. Même qu’il y avait « plus de personnel qu’à l’habitude dans nos unités de soins en CHSLD » grâce à l’augmentation des effectifs en centre d’hébergement en début de pandémie, permettant de pallier du même coup l’absence des aidants naturels et des membres de la famille des résidents, qui ne pouvaient plus entrer.

L’ajout de quelque 1400 employés pour tout le CISSSME à partir de la plateforme Je contribue a aussi donné un fort coup de main. « On a eu quasi 100 % du temps, tous les jours et tous les soirs, des personnes en surplus. C’est sûr que l’Hôtel-Dieu est un grand site, mais on avait jusqu’à 10, 17 ou même 30 personnes en [sur]plus des fois par période de 24 h, en plus de tout le personnel. »

Pour suivre les déplacements de personnel lorsque ceux-ci sont nécessaires et ainsi assurer une meilleure sécurité, le CISSSME a travaillé durant les derniers mois avec la firme Logibec pour utiliser son application informatique pour les horaires de travail du personnel, de sorte à savoir avec exactitude la date où un employé a été affecté en zone chaude et dans quel lieu.

Pour ce qui est de l’équipement, Mme Potvin a assuré qu’aucun manque n’a été rapporté malgré l’accès parfois plus difficile au début de la pandémie. « On n’avait pas des dizaines de journées d’inventaire, mais on a eu en tout temps le matériel et nous avons approvisionné les résidences privées pour personnes âgées du territoire, les ressources intermédiaires, les CPE, les organismes communautaires ainsi que les communautés religieuses. »

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