Coralie Rheault-Gingras est issue du milieu du service à la clientèle et avait complété une formation en esthétique à l’École professionnelle de Saint-Hyacinthe en 2018. Un domaine qu’elle a adoré, mais qui ne répondait pas complètement à ses attentes. « Je trouvais qu’il manquait de temps pour vraiment prendre soin des gens. Le côté détente des soins n’était pas assez présent pour moi. Je songeais déjà depuis un certain temps à me diriger vers le milieu de la santé, mais j’avais peur des études à faire pour y arriver », explique la Maskoutaine de 23 ans, voyant ses problèmes de dyslexie et de TDAH comme un frein.
C’est là que l’invitation faite par le gouvernement a fait toute la différence. « C’est un beau cadeau que nous a fait le gouvernement en nous donnant cette possibilité : ça a été le petit coup de pied qu’il me fallait et je pense que ça a été le cas pour bien d’autres gens aussi! » Depuis, elle vit un coup de foudre avec son nouveau milieu. « Je tripe! Au début, je crois que beaucoup avaient des appréhensions : est-ce qu’on allait se faire voir comme une menace? Mais pas du tout, on a été bien intégrés par toute l’équipe! J’ai été agréablement surprise et je n’ai que du positif à dire. Il n’y a pas une journée où je me suis demandé “qu’est-ce que je fais ici?” », retient la future PAB qui devrait officiellement terminer sa formation le 12 septembre.
Là pour les bonnes raisons
Comme tout le monde, Coralie Rheault-Gingras a vu passer les nombreux reportages présentant des témoignages de personnes qui ont suivi la formation accélérée, mais qui ont abandonné, se sentant flouées par des promesses non tenues au niveau des conditions de travail et des salaires.
La Maskoutaine ne le voit pas du même œil. « On a entendu des ouï-dire sur la question du salaire, mais tant que les gens sont là pour les bonnes raisons, il n’y a pas de souci. On s’entend, je veux mon 26 $/h, mais si on m’expliquait que ce n’était pas possible pour une raison, ça ne me ferait pas lâcher pour autant », soutient-elle. Elle constate d’ailleurs que très peu de personnes dans sa classe ont quitté la formation en cours de route. « Sur 23 personnes, je crois que 21 sont encore là, c’est bon signe! »
La future PAB se porte aussi à la défense de ses collègues qui « travaillent avec cœur », mais qui manquaient souvent de bras et de ressources pour pouvoir mener à bien leur travail. « Oui, ça existe des cas de maltraitance, mais j’en ai rencontré du monde et je peux dire qu’en général, on a des anges! Particulièrement à l’Hôtel-Dieu, où mon grand-père a eu droit à des soins hors pair aux soins palliatifs avant de mourir. Les gens ici sont là pour les bonnes raisons. »
L’humain avant tout
La jeune femme est très loin de l’image de préposée aux bénéficiaires blasée qui change des culottes en un temps record pour mieux passer au prochain. « Dans la vie, je suis hyperactive, mais dès que j’arrive dans une chambre pour prodiguer un soin, je change de rythme complètement : je deviens calme, douce et je respire pratiquement à la même vitesse que l’autre personne. Je veux être dans son moment. » Coralie Rheault-Gingras croit que l’arrivée des nouveaux PAB sera salutaire pour ses collègues qui pourront enfin se permettre de « mettre le pied sur le frein » pour prendre le temps de prodiguer de meilleurs soins, chose qui était plus difficile en contexte de pénurie de personnel. « On est là pour changer ça », assure-t-elle.
Et le port perpétuel du masque sur son lieu de travail est loin de rebuter celle qui a très vite appris à « sourire avec les yeux ». « Le toucher et le regard, ça reste. L’important, c’est l’énergie qu’on dégage! Les gens le savent quand je ris et que je souris et ils me disent que j’ai un beau sourire même s’ils ne le voient pas! »
Coralie Rheault-Gingras ne sait pas encore ce que l’avenir lui réserve, mais elle sent qu’elle est bel et bien à sa place dans le milieu de la santé. Elle avoue avoir un faible pour une spécialisation en soins palliatifs et ne ferme pas la porte à une formation d’infirmière un jour. « Mais peu importe, je suis tombée dans le milieu de la santé, j’y reste! »