Même après l’intervention du premier ministre François Legault, le mois dernier, le dossier n’a effectivement pas beaucoup évolué. Malgré cet « appui de taille », M. Corbeil s’est donc tourné vers ses confrères agriculteurs, convaincu que plusieurs d’entre eux s’inscrivent en faux contre leur syndicat et appuient ce projet. « Il n’y a pas l’unanimité au sein de l’UPA Montérégie. J’invite les producteurs à prendre la parole sur la place publique pour partager leur inconfort face à la position de l’UPA », a-t-il lancé.
Dans notre dernière édition, le syndicat confirmait par la bouche de son président, Christian St-Jacques, qu’elle demeurait inflexible dans sa volonté de conserver le caractère agricole des 23 hectares de terres où le projet d’usine est envisagé. Aux dernières nouvelles, les élus locaux ne parviennent même pas à s’asseoir avec les dirigeants de l’UPA Montérégie pour trouver un compromis, a déploré le maire Corbeil. « La porte est fermée… et elle est fermée serrée », a-t-il illustré. Or, l’appui de l’UPA est décisif dans la décision finale que rendra la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), a-t-il reconnu.
Du fond du cœur
Dans un discours plus senti qu’à l’habitude, le maire a pourtant insisté sur son fort bagage agricole, sa fierté de représenter « la troisième génération de Corbeil à cultiver la terre du 2e Rang de Sainte-Rosalie » et encore plus d’avoir été le premier producteur agricole à devenir maire de Saint-Hyacinthe en 2013.
Un dossier comme celui-là, « ça vient me chercher comme producteur. […] Ce métier, c’est ma passion », a-t-il aussi affirmé pour bien faire comprendre que la protection des terres lui tient à cœur.
Or, « il n’y a pas d’agriculture s’il n’y a pas de transformation », a-t-il fait valoir, au nom du principe de souveraineté alimentaire. Le maire a continué en argumentant que l’emplacement en question est « le seul site de la MRC » à pouvoir accueillir cette usine en raison des contraintes d’alimentation en eau potable et de traitement des eaux usées, écartant ainsi les municipalités de Saint-Pie et de Saint-Damase.
Il est aussi « nettement plus logique » de situer une telle usine à proximité des producteurs de volaille de la Montérégie, pour des considérations environnementales et d’efficacité. Enfin, le maire a rappelé que la Ville viendra compenser la perte des 23 hectares en garantissant le caractère agricole d’un autre 38 hectares de terres. « On a fait nos devoirs » dans ce dossier, a-t-il assuré.
Pour toutes ces raisons, « le milieu agricole devrait être derrière ce projet », a affirmé Claude Corbeil. Rappelant ses nombreuses implications dans les instances mêmes de l’UPA, notamment à la tête de la Fédération des producteurs de porcs, il a tendu la main à ses anciens collègues, les invitant du moins à « considérer sérieusement » ces arguments. « Les solutions sont généralement plus complexes que de défendre un seul point de vue. On ne peut pas rester dans son coin à marteler une position. On a tout avantage à discuter », a-t-il proposé.
Appel à tous
Même en dehors du monde agricole, le maire croit que la pression populaire peut également faire pencher la balance. « Manifestez-vous en faveur du projet », a-t-il lancé aux citoyens à l’écoute pendant son allocution. Exceptionnellement, il a également demandé au COURRIER de consacrer sa question de la semaine à ce dossier et a invité la population à se prononcer. Vous avez pu constater en page 2 que la proposition a été acceptée.