La remarque qui vise « les élus municipaux et provinciaux » survient après que le premier ministre du Québec, François Legault, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, et la préfet de la MRC des Maskoutains, Francine Morin, ont chacun à tour de rôle lancé des appels au dialogue pour faire débloquer le dossier. Or, l’UPA renvoie plutôt les demandeurs à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin de faire valoir leurs arguments, puisque la décision « relève entièrement » de cette instance, indique le communiqué émis cette semaine par l’organisation syndicale, qui a toujours voulu rappeler qu’elle n’a pas de pouvoir décisionnel dans les enjeux de zonage agricole.
La demande formulée par la MRC des Maskoutains pour rendre possible la construction de l’usine Exceldor sur des terres longeant l’avenue Pinard est toujours à l’étude, mais une orientation préliminaire rendue fin juin par la Commission laissait entrevoir un refus. L’UPA Montérégie avait transmis un avis défavorable dans ce dossier. Son rôle est en effet de « s’assurer que l’ensemble des options sont considérées avant de sacrifier une terre agricole, peu importe les coûts engendrés et les obstacles rencontrés », indique son communiqué.
Commentant la proposition d’échange de terrain pour compenser la perte de territoire agricole, proposée maintes fois comme un compromis raisonnable par les défenseurs du projet Exceldor, le président de l’UPA Montérégie, Christian St-Jacques, affirme « qu’en aucun cas la loi ne prévoit » un tel procédé et « qu’essayer de prétendre le contraire serait un mensonge ».
Un producteur défend son syndicat
Si certains producteurs n’hésitent plus à contester la position officielle de l’UPA Montérégie, par exemple dans une lettre ouverte parue dans nos pages la semaine dernière, d’autres continuent de défendre la posture adoptée par la Fédération dans ce dossier. C’est le cas de David Phaneuf, producteur d’œufs d’incubation de Saint-Liboire. Il se désole de voir le débat se transporter sur la place publique, alors que la CPTAQ devrait justement être « l’autorité supérieure » établie pour trancher ce genre de question.
Il dit partager la même irritation lorsqu’il entend des observateurs déplorer le fait que l’UPA reste campée sur ses positions. « Pourquoi on ne se demande pas plutôt ce qui fait qu’Exceldor ne veut pas changer de place pour son projet? », lance-t-il pour illustrer qu’il y a plus d’une issue au blocage actuel.
L’agriculteur de Saint-Liboire livre au passage une autre observation : les problèmes rencontrés par le secteur de la volaille en lien avec la relocalisation de l’usine de Saint-Damase sont « une illustration de la précarité » de l’industrie, qui est devenue dominée par deux grands joueurs au fil des consolidations, observe-t-il.