Parmi toutes les questions fondamentales que se pose l’Humanité – d’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous -, ma préférée reste : pourquoi le poulet traverse la route?
Vous aurez reconnu cette blague d’origine britannique, exercice de style parodique qui, depuis 1890, explique avec humour les raisons qui poussent une volaille à se rendre de l’autre côté, selon le point de vue de la personne répondant à la question. Par exemple, on fera dire à Aristote : « C’est dans la nature du poulet de traverser les routes ». Shakespeare clamera : « Traverser ou ne pas traverser? Là est la question… » Quant au capitaine James T. Kirk, il lancera : « Pour aller là où aucun autre poulet n’était allé avant! »
J’ai bien envie d’ajouter une version : Pourquoi Exceldor traverse la route?
Si vous avez suivi ce dossier qui oppose depuis plusieurs semaines le transformateur de volaille, la Ville, l’UPA et la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) dans un bras de fer à plusieurs mains, la réponse diffère. La Ville et Exceldor répondent en chœur : « Des jobs! » L’UPA réplique : « Demandez à la CPTAQ » et cette dernière rétorque : « Y a plein d’autres places pour traverser! »
Quant à moi, dont l’avis ne vaut pas cher la livre, mais je vous le donne pareil bien emballé, je me demande pourqu’ossé faire se vanter d’être une technopole agroalimentaire si, à la première occasion, on sacrifie des terres agricoles pour un projet industriel qui pourrait se faire autrement? Et des occasions, il y en aura beaucoup d’autres, la pression sur le monde agricole étant constante.
Pourtant, il faudra bien arrêter un jour. Comme un vieux sage m’a déjà dit, « La terre, c’est précieux pour une raison : y en font p’us! »