22 octobre 2020 - 13:30
Ménage à l’hôtel de ville
Le contrat échappe aux entreprises locales
Par: Rémi Léonard
Des compagnies de l’extérieur se chargeront dorénavant de faire l’entretien ménager des bâtiments municipaux en vertu de la règle du plus bas soumissionnaire conforme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Des compagnies de l’extérieur se chargeront dorénavant de faire l’entretien ménager des bâtiments municipaux en vertu de la règle du plus bas soumissionnaire conforme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’entretien ménager de l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe et de plusieurs bâtiments municipaux ne sera plus effectué par une entreprise d’ici, a-t-on appris d’une résolution adoptée par le conseil municipal en septembre. C’est plutôt trois compagnies de Sainte-Catherine, de Granby et de Montréal qui se partageront le contrat qui s’échelonne sur un an, avec deux années supplémentaires en option.

Il faut toutefois savoir que la Ville n’a pas eu le choix de sélectionner ces entreprises puisqu’elles ont présenté la soumission conforme la plus basse à la suite d’un appel d’offres public. C’est néanmoins une amère déception pour Daniel Lamoureux, de l’entreprise maskoutaine Ménagerie S. Courchesne, qui avait ce contrat depuis une vingtaine d’années, a-t-il rapporté.

M. Lamoureux espérait bien renouveler ce mandat qui apportait plusieurs heures de travail stables par semaine pour lui et sa conjointe, d’autant plus que tout le monde semblait satisfait du travail accompli. « J’avais une fierté à le faire. […] Ça ne m’aurait pas dérangé si quelqu’un du coin avait eu le contrat, mais là, c’est une entreprise de Sainte-Catherine… je trouve ça ordinaire », a-t-il témoigné. Il a été d’autant plus piqué au vif par les remarques au même moment du maire Claude Corbeil, qui appelait ses concitoyens à favoriser l’achat local en ces temps de pandémie.

La loi, c’est la loi

On comprend aisément que, malgré cette volonté affichée, les règles entourant l’octroi des contrats publics se doivent tout de même d’être respectées. LE COURRIER a néanmoins tenté de savoir si quelque chose pouvait être fait pour essayer d’encourager les entrepreneurs maskoutains autant que possible en contactant le conseiller Bernard Barré, qui s’est toujours présenté comme un farouche défenseur de l’emploi local dans ses interventions publiques.

Réaffirmant cette conviction, il a assuré qu’il était le premier à souhaiter qu’une entreprise maskoutaine décroche le contrat. Ce n’est finalement pas le cas, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé, a-t-il alors défendu. L’élu de La Providence a en effet expliqué que le conseil a choisi de fractionner le contrat en quatre lots précisément pour donner plus de chances aux entrepreneurs d’ici. En analysant les offres reçues, M. Barré a également soulevé l’écart important entre les soumissions gagnantes et les options locales. Après tout, même si son « souhait » demeure d’engager local, l’élu a aussi l’obligation de ménager l’impact sur le compte de taxes des citoyens, a-t-il commenté.

Pourquoi ne pas tout simplement embaucher des employés à l’interne pour effectuer ce travail, alors? Même raisonnement, selon M. Barré, qui évoque la charge financière qui vient avec les avantages sociaux et, surtout, les fonds de pension des employés municipaux. Le conseil veut emprunter cette voie « le moins possible », a-t-il affirmé. De plus, comme il s’agit de tâches effectuées « en soirée et de nuit, dans plusieurs lieux, l’octroi d’un contrat s’avère plus avantageux pour la Ville », a également commenté Brigitte Massé, directrice des communications à la Ville.

De son côté, en consultant les différentes soumissions, Daniel Lamoureux se dit convaincu qu’en fixant un tel prix, les entreprises qui ont remporté l’appel d’offres ne pourront pas maintenir les mêmes standards. « Ils vont devoir couper quelque part », a-t-il certifié. Ce sera soit dans la qualité du travail, ou bien c’est leurs employés qui écoperont, a analysé M. Lamoureux.


Les heureux soumissionnaires sont…

Au final, après avoir reçu de nombreuses offres, c’est JIREH Entretien, de Granby, qui a obtenu le mandat pour effectuer le ménage à l’hôtel de ville (169 000 $), mais aussi aux bureaux du garage municipal, de l’usine d’épuration et du Centre de valorisation des matières organiques (253 300 $). À titre comparatif, Ménagerie S. Courchesne offrait 181 400 $ pour l’hôtel de ville, alors que Les experts de l’entretien, une autre entreprise maskoutaine, a proposé 286 100 $ pour l’autre lot.

De son côté, Service d’entretien Globel, de Sainte-Catherine, se chargera des bureaux des services de l’urbanisme, sur Morison, et des loisirs, au Centre aquatique Desjardins, pour la somme de 133 500 $, soit environ 28 000 $ de moins que la soumission de Ménagerie S. Courchesne. Enfin, l’entreprise montréalaise F.D. Maintenance 2011 a décroché le mandat concernant les deux casernes de pompiers et le poste de la Sûreté du Québec avec une soumission de 228 100 $. C’est 8000 $ de moins que le plus proche concurrent maskoutain, qui était Les experts de l’entretien dans ce cas.

Ces montants couvrent les trois années de contrats.

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