Certaines églises, comme la cathédrale de Saint-Hyacinthe, ont opté pour un système de réservation des places disponibles pour les messes des 24 et 25 décembre. Les quatre célébrations de Noël affichent déjà complet depuis près d’une semaine. « La messe de minuit a été la première à être comblée », laisse savoir le chanoine Yvon Alix, recteur de la cathédrale.
L’Unité des Moissons, qui regroupe les églises de Saint-Pie, Saint-Dominique, Saint-Damase et Sainte-Cécile-de-Milton, invite elle aussi les paroissiens à confirmer à l’avance leur présence aux messes de Noël. « Certaines messes sont déjà pleines, mais s’il reste des places disponibles le jour même, nous accepterons les personnes supplémentaires », affirme le prêtre Daniel Courtemanche.
Du côté des paroisses Notre-Dame-du-Rosaire et Sainte-Rosalie, les lieux de culte seront plutôt accessibles aux fidèles sous la formule du premier arrivé, premier servi.
Le port du masque, la désinfection des mains ainsi que le respect des mesures de distanciation physique devront être observés au sein des églises. Selon les paroisses, certaines messes seront télédiffusées ou encore transmises en direct sur les réseaux sociaux afin de rejoindre un plus grand nombre de citoyens.
Sobriété et déception
Bien qu’ils se réjouissent de pouvoir officier les messes de Noël, les prêtres du territoire maskoutain éprouvent malgré tout une pointe de déception face aux conséquences découlant des restrictions imposées par le gouvernement.
« Dans mon cœur, il y a tout de même une grosse part de tristesse. Les célébrations de Noël sont super populaires et devoir dire non à certaines personnes, c’est anti-chrétien, anti-église », confie l’abbé Serge Pelletier, prêtre modérateur des églises Saint-Thomas-d’Aquin, Saint-Sacrement, Sainte-Rosalie et Assomption.
Un regret que partage son confrère le chanoine Alix. « Noël, c’est l’occasion de rencontrer plein de gens. D’habitude, nos églises sont pleines à cette période et là, avoir 25 personnes à la cathédrale, ce n’est rien du tout. »
Pour sa part, le prêtre Courtemanche avoue qu’il « préfère de beaucoup célébrer devant une foule. Plus il y a de monde, plus c’est dynamisant. Il y a une énergie qui circule dans l’église ». Il reconnaît néanmoins que la simple possibilité de tenir les cérémonies de la Nativité constitue une belle avancée contrairement à mars dernier, où il a dû « célébrer devant un mur ».
À l’instar de l’assemblée, les cantiques se feront plus discrets cette année. Consignes sanitaires obligent, seuls un chanteur et un musicien sont autorisés par lieu de culte. Pas de passe-droit non plus pour la crèche vivante, une tradition religieuse fort appréciée durant la période des Fêtes.
Pour les hommes de Dieu, ces cérémonies de Noël circonscrites représentent l’occasion d’effectuer un retour aux sources. « Cette année, nous retrouvons la simplicité du quotidien. Les événements que nous vivons sont hors de l’ordinaire. Ils nous appellent à redécouvrir notre foi et à nous recentrer sur celle-ci », témoigne le prêtre Daniel Courtemanche.
Avec sagesse et humour, le chancelier du diocèse de Saint-Hyacinthe, Denis Lépine, rappelle que les célébrations entourant la naissance du Christ, il y a deux millénaires, ont été autant sinon plus modestes que celles de cette année. « C’était un Noël assez ordinaire lorsque Jésus est né, entre le bœuf et l’âne dans une étable, en présence de Marie et Joseph », souligne-t-il en souriant.
Retour des accolades
Alors que l’évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, Monseigneur Christian Rodembourg, nous invite à partager l’Évangile de l’espérance en cette année à venir, les prêtres maskoutains y sont allés de quelques suggestions tantôt comiques, tantôt touchantes.
« Pour 2021, j’invite tous les responsables des horoscopes et les diseurs de bonnes aventures à prendre leur retraite puisqu’aucun d’entre eux n’avait prévu la pandémie, rigole l’abbé Pelletier. Sans farce, j’espère vraiment que les gens redécouvriront la valeur des relations interpersonnelles dans notre société. Il faut absolument qu’on puisse recommencer à se serrer dans nos bras. »
Son homonyme à la cathédrale abonde dans le même sens. « On reconnaît la valeur d’un 5 $ après l’avoir perdu. C’est la même chose en ce moment. Nous reconnaissons la valeur de l’affection et de la tendresse depuis le début de la crise, car ça nous manque. J’invite les gens à manifester leur amour et à dire merci aux autres », philosophe le chanoine Alix.
Le prêtre Daniel Courtemanche en profite pour tourner ses pensées vers tous ceux qui ne pourront pas être présents à l’église ainsi qu’au personnel de la santé. « Il y aura encore des sacrifices à faire d’ici la fin de la crise, mais nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur marche avec nous. Je remarque que nous éprouvons tous un désir de se faire proche des autres et ce souci de l’autre que nous avons développé, il faut le conserver une fois la pandémie terminée. »