Fin novembre, Marijo Demers a annoncé qu’elle souhaitait devenir calife à la place du calife et lui succéder à la mairie. Voilà un nom et un visage qui ne sortent pas du champ gauche, malgré les idées et le courant politique que défend Marijo Demers. Celle qui enseigne la science politique au Cégep de Saint-Hyacinthe s’est fait connaître lors des élections provinciales de 2018 en portant les couleurs de Québec Solidaire, une formation qui n’avait jusque-là pas beaucoup de résonnance dans le comté de Saint-Hyacinthe. Au terme d’une campagne où elle a réussi à ressortir du lot, elle a étonné avec sa seconde place. Obtenant 17 % du vote, elle a terminé loin derrière la caquiste Chantal Soucy (52 %), mais tout juste devant le candidat péquiste Daniel Breton (16 %).
Et contrairement à bien des candidats défaits lors d’élections, Mme Demers ne s’est pas éclipsée par la suite. Elle s’est plutôt trouvé un nouveau terrain de jeu sur la scène municipale. On l’a vue à quelques assemblées et elle a aussi signé quelques lettres ouvertes dans LE COURRIER pour donner son opinion sur des enjeux locaux. Tant et si bien que son intention de se présenter aux élections municipales de novembre n’a pas étonné tant que ça.
Ce n’est pas tant le geste que la façon dont elle compte s’y prendre qui retient l’attention et laisse perplexe. Disons qu’elle ne veut pas faire les choses à moitié. Elle vise directement le poste de maire et ambitionne de devenir la toute première mairesse de Saint-Hyacinthe. Elle souhaite réussir là où ont échoué avant elle Huguette Corbeil en 2009 et Chantal Goulet en 2017. Surtout, elle vise à devenir maire tout en étant à la tête d’une équipe complète de candidats et candidates qui se présenteront dans chacun des onze districts de la ville de Saint-Hyacinthe. Et selon les rumeurs qui courent, il semblerait qu’elle ne solliciterait aucun des élus actuels et qu’elle ne ferait l’impasse sur aucun quartier.
Sérieuse dans ses intentions, elle a déjà enregistré ce parti politique, sous le nom Saint-Hyacinthe unie. Se présenter à la mairie est déjà une démarche ambitieuse. Mais le faire en tant que cheffe d’un parti politique l’est encore bien davantage et multiplie de beaucoup les difficultés et les écueils possibles en cours de route. S’entourer de bonnes personnes, de gens de confiance, qui partagent nos idées et nos façons de faire, c’est tout un contrat.
Le simple fait d’en trouver deux ou trois est un accomplissement. Imaginez en trouver 11! Le défi s’annonce colossal et la campagne n’est pas encore amorcée. S’il y a des maillons plus faibles autour d’elle, c’est la cheffe qui devra intervenir, les accompagner, les aiguiller et les recadrer sur son message, sur son programme. Tout cela en faisant campagne elle-même pour se faire connaître et pour convaincre les Maskoutains. Certains pourraient être sympathiques à sa cause et à ses idées, mais ne pas apprécier quelques-uns de ses candidats. Le risque est aussi grand que l’idée même d’un parti politique municipal en effraie plusieurs puisque cela est assez inusité dans l’histoire politique maskoutaine.
Il y a eu des précédents bien entendu. Les plus âgés se souviendront de l’Action démocratique maskoutaine de Richard Robert dans les années 1980 et des multiples tentatives du parti Municipal maskoutain de Jean-Guy Allard à la fin des années 1980 jusqu’au début des années 1990. Aucun de ces chefs n’a jamais réussi à se faire élire.
Mais il ne faut pas croire pour autant qu’il n’y a jamais eu de parti politique à la Ville de Saint-Hyacinthe, car dans les faits, c’est tout comme. Depuis les belles années du maire Claude Bernier, du moins celles que nous avons été en mesure d’apprécier, les conseillers indépendants ont pris l’habitude de marcher dans le rang, d’agir en bloc et de respecter la ligne d’un parti qui n’en est pas un officiellement, contrairement au parti de Mme Demers. C’est encore comme cela sous la gouverne de Claude Corbeil. Un conseil uni.
Reste à savoir ce que Mme Dermers propose, car il manque de viande autour de l’os pour l’instant.