Ça fait 10 000 ans qu’on a domestiqué l’animal à plumes et, jusque dans les années 50, il était normal d’entendre caqueter ailleurs qu’en ruralité. Mais la modernité en a décidé autrement. Fini les poules en liberté, désormais, et pour notre propre bien, elles seraient confinées pour l’éternité. Si les poules avaient eu des dents, elles auraient crié à la dictature et elles auraient eu raison.
Et l’agro-industrie en a rapidement fait l’animal domestique le plus manipulé génétiquement par l’Homme. Historiquement, y a pas un être vivant qu’on a plus tripoté, shooté et modifié pour l’empiler par millions dans des couvoirs-usines afin de pondre à la vitesse d’une mitraillette et finir en ailes au Super Bowl. À force de ne plus la côtoyer, le simple citoyen a oublié à quoi ressemblait une poule normale. C’est peut-être aussi pour ça que ç’a été si long à nous décider à Saint-Hyacinthe. Une technopole agroalimentaire préfère ses poules sous vide, congelées ou en croquettes plutôt qu’en liberté.
Pour toutes sortes de raisons, ça fera du bien de retrouver ce sympathique oiseau. Repenser notre lien avec la nature, notre alimentation et notre consommation. Ça fera peut-être avancer le concept d’agriculture urbaine? Transformer des pelouses ou des terrains vacants en jardin et pourquoi pas oser l’élevage d’abeilles en ville? Qui sait? Ce n’est peut-être qu’un début. Comme chantait le grand poète Léonard Cohen : « First we take the chicken, then we take Berlin! »