22 avril 2021 - 07:00
Dossier Exceldor davant la CPTAQ
Lueur d’espoir
Par: Martin Bourassa
On ne donnait pas cher de la peau des représentants de la MRC des Maskoutains et de la coopérative Exceldor avant qu’ils ne se présentent, mardi, à l’audience publique de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

Celle-ci devait y décider du sort d’une demande d’exclusion de 24 hectares de terre pour permettre l’agrandissement du parc industriel Olivier-Chalifoux de Saint-Hyacinthe en zone agricole. C’est à cet endroit, sur 14 hectares lui étant réservés, qu’Exceldor souhaite établir un abattoir apte à remplacer celui de Saint-Damase. Rappelons qu’il s’agit d’un investissement en deux phases, pour un total de 450 M$ et un millier d’emplois.

Dans une orientation préliminaire cinglante rendue l’été dernier, la CPTAQ n’était pas passée par quatre chemins pour signifier son désaccord. Il faut dire qu’en décembre 2019, elle avait déjà sèchement fermé la porte à une demande identique formulée par la Ville de Saint-Hyacinthe. Cette seconde tentative, portée cette fois par la MRC des Maskoutains, ne l’avait guère impressionnée.

C’est donc avec un compte d’aucune balle deux prises que la MRC et Exceldor ont présenté leurs ultimes arguments devant la CPTAQ. Leur mission était colossale : répondre à toutes les préoccupations de l’organisme et convaincre ses deux commissaires que l’exclusion des 24 hectares est non seulement la solution de moindre impact, mais celle de dernier recours vu l’absence d’options.

Les demandeurs ont-ils été convaincants? Passablement oui. La bonne nouvelle, c’est qu’ils étaient bien préparés au plan juridique, du moins beaucoup mieux que l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, dans le coin adverse. Sans surprise, l’UPA a plaidé pour le rejet de cette demande d’exclusion, considérant l’importance de préserver l’intégralité de la zone agricole.

Étonnement, il n’y a pas eu de coups de théâtre à l’audition, de carte cachée lors de cette rencontre cruciale. Surtout du radotage, mais du radotage bien ficelé. Et des déclarations punchées de l’UPA. Elle continue de prétendre qu’un abattoir ne peut être considéré comme une extension des activités agricoles (???), qu’il y a des possibilités du côté de Saint-Damase et de Saint-Pie et surtout qu’il est impossible qu’Exceldor n’ait pas de plan B.

Parmi les « faits nouveaux », la Ville de Saint-Hyacinthe a cherché à discréditer le site de Semex à Sainte-Marie-Madeleine comme alternative. Elle a obtenu une lettre de la direction assurant que ce site de 28 hectares n’est pas à vendre.

À la CPTAQ qui estimait que l’entreprise devait aussi considérer des sites potentiels hors de la MRC, Exceldor a dit avoir fait ses recherches. Elle a répliqué qu’il n’y avait aucun terrain libre de la dimension requise dans l’axe de l’autoroute 20 entre Sainte-Hélène-de-Bagot et Longueuil. Elle n’a cependant pas poussé ses recherches dans l’axe de l’autoroute 30 comme l’aurait souhaité l’UPA, estimant que la municipalité de Varennes, par exemple, était trop loin de son port d’attache. Exceldor ne veut pas risquer de perdre l’essentiel de ses 318 employés de Saint-Damase, dont 220 (69 %) résident dans notre MRC. C’est compréhensible.

On aura surtout senti de la part de la Ville de Saint-Hyacinthe et d’Exceldor une volonté d’amadouer, voire d’influencer favorablement les commissaires. La Ville de Saint-Hyacinthe s’est engagée à considérer l’avenue Pinard comme la limite infranchissable à toute expansion industrielle en zone agricole, au lieu du ruisseau Plein-Champ comme le considère la CPTAQ dans ses décisions antérieures. La Ville a assuré qu’advenant une réponse positive, elle réserverait l’espace aux industries agroalimentaires.

La coopérative a laissé entendre qu’elle serait disposée à tolérer la poursuite des activités agricoles sur la bande de 4 à 5 hectares qu’elle compte consacrer à la phase 2 prévue d’ici 10 à 15 ans. Ces éléments ont semblé avoir trouvé un écho favorable du côté des commissaires.

À première vue, il serait étonnant que la commission renverse son orientation et autorise l’exclusion des 24 hectares demandés. Mais pourrait-elle couper la poire en deux et autoriser le dézonage conditionnel d’une quinzaine d’hectares au profit d’Exceldor et du prolongement des infrastructures municipales?

Cela ne paraît pas impossible ce matin, même que ce serait la solution du gros bon sens. Souhaitons-le.

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