Je l’ai fait dans l’espoir, à tout le moins, de réduire les conséquences si jamais je devais, malgré toutes mes précautions, attraper ce méchant virus. Minimiser les conséquences pour mon propre bien-être et celui de mes proches. Pour atténuer si possible les conséquences sur le réseau et les employés de la santé qui peinent à contenir et à se défaire de la troisième vague de cas, alimentée, gonflée qu’elle est, par les coriaces variants.
J’en suis fier, mais pas au point de me faire photographier la manche relevée ou la chemise déboutonnée, tout sourire avec une aiguille dans le bras pour vous démontrer toute ma virilité légendaire. Je vous épargne bien volontiers cette vision divine. Mais je ne vous épargne pas ce texte pour autant puisque je crois que c’est faire œuvre utile que d’encourager le plus grand nombre de gens possible à se faire vacciner. Et je ne suis pas payé pour en faire la promotion par notre bon gouvernement. Je le fais de bon cœur.
On ne me paie pas pour partager mon expérience positive, pas plus qu’on ne m’a payé pour me convaincre de me faire vacciner. J’éprouve même un profond malaise en lisant que des employés du système de santé hésitent ou même refusent de recevoir le vaccin et que d’autres exigent d’être rémunérés en échange de leur participation. Faut-il à ce point des incitatifs financiers pour convaincre le monde à ce stade-ci de la pandémie? Même Olymel a décidé d’offrir une prime vaccin à ses 13 800 salariés qui seront éligibles à une récompense de 50 $ en échange de preuves de vaccination.
Se faire vacciner contre la COVID-19 ne devrait pas se marchander ni se monnayer. C’est un devoir citoyen, point final. À tout le moins pour quiconque se soucie le moindrement des autres dans la vie, et c’est mon cas. C’est poser un geste de grande humanité, d’autant plus que c’est disponible, accessible, recommandé, gratuit et très largement sécuritaire.
Ma décision n’a pas été soigneusement murie, je l’avoue. Depuis qu’on a annoncé la mise au point d’un tout premier vaccin en novembre, j’étais partant. J’avais déjà trop vu, trop écrit et surtout trop lu sur les ravages de la COVID-19 pour ne pas chercher à m’en préserver par tous les moyens. J’ai toujours vu le vaccin comme étant le chemin incontournable et le plus rapide vers un possible retour à la vie presque normale, vers la possibilité de revoir mes proches sans l’angoisse de leur transmettre la maladie.
Dès que la vaccination a débuté au Québec, j’ai attendu mon tour en espérant qu’il vienne plus tôt que tard. Dites-moi où et quand, et j’y serais. Alors quand le gouvernement a annoncé que le tour aux 45 ans et plus était venu, je n’ai fait ni une ni deux, même si le vaccin qui m’était offert a une réputation un peu suspecte pour certains.
J’étais donc à la porte d’une pharmacie maskoutaine samedi matin en compagnie d’une vingtaine d’autres volontaires. La bonne humeur était présente, malgré quelques problèmes logistiques qui n’ont semblé embêter personne dans les circonstances. On a maintenant l’habitude des files. J’y ai reçu mon vaccin et toutes les consignes d’usage. Même la date et l’heure de ma deuxième dose. Je suis reparti avec mon petit bonheur et aucune douleur. Les effets secondaires sont venus en début de nuit et se sont étirés sur 24 h. Je fais allusion aux maux de tête, aux frissons, à la fièvre et à la sensation d’avoir confronté Georges St-Pierre dans l’octogone. Mais rien pour nécessiter mon hospitalisation aux soins intensifs. L’affaire de six ou sept comprimés d’acétaminophène dans la journée, that’s it.
Un petit geste de ma part, mais un grand pas pour l’humanité. Et même si je me sens mieux protégé aujourd’hui, je ne suis pas invincible pour autant. Pas question de lever le masque, de bouder le gel antiseptique ou de ne pas me tenir à distance des autres. La guerre n’est pas terminée, mais l’espoir est permis. Et j’ose croire que vous serez nombreux à présenter votre épaule afin que l’immunité collective vienne à bout de ce virus et de nos contraintes sanitaires.