C’est donc après deux générations que Les Serres Gaudette, fondée dans les années 50 par Fernand et Marie-Jeanne, les parents de Michel, que l’entreprise familiale quitte le giron de la famille Gaudette. « On n’avait pas de relève pour l’entreprise. Notre fille Stéphanie a choisi le bonheur. Elle voulait prendre la relève, mais nous a un jour demandé si on lui en voudrait de faire autre chose… On lui a dit qu’on lui en voudrait de ne pas faire ce qui la rend heureuse », soutient Anne Larivière.
Le couple ne cherchait donc pas nécessairement une relève, mais deux jeunes de l’extérieur de la région ont approché les propriétaires à la fin janvier pour reprendre les activités de l’entreprise. « On commençait à penser à vendre depuis trois ans pour plein de facteurs. Quand on nous a approchés, on a décidé de faire le saut. Ils sont avec nous depuis le 1er mars et on est passés chez le notaire le 26 mars. C’est un jeune couple qui n’a pas d’expertise dans l’horticulture en serre, mais c’est beau de voir les étincelles dans leurs yeux; c’est valorisant qu’on puisse rester comme mentors à la relève, chose qu’on n’aurait pas pu faire si on avait décidé de ne pas vendre », poursuit Mme Larivière. Elle précise toutefois que la pandémie de la dernière année n’a pas eu d’impact sur la décision, au contraire. « 2020 a été une année record pour nous et on sent que l’engouement sera encore fort cette année. »
Le couple est donc serein dans sa décision de passer le flambeau aux nouveaux propriétaires, même s’il admet avoir eu un pincement au cœur en signant l’acte de vente. « Je suis né ici! Ces terres appartenaient à mon grand-père, puis à mon père et enfin à moi. C’est toute ma vie dont on vient de se départir », reconnaît Michel Gaudette sans perdre le sourire. Il profitera d’ailleurs des prochaines années pour faire davantage de voyages de pêche afin de relaxer un peu.
Mais même si la famille Gaudette n’est plus propriétaire des lieux, elle demeure toujours très impliquée dans les destinées de l’entreprise qui conservera d’ailleurs son nom, le même numéro de téléphone et les mêmes produits à moyen terme. « La première chose que les gens nous ont dit quand ils ont appris qu’on avait vendu, c’est nous demander si on va y retrouver les mêmes produits. On reste là et on va transmettre nos connaissances aux nouveaux propriétaires, qui tiennent à poursuivre notre œuvre », souligne Anne Larivière.
Les anciens propriétaires ne savent pas encore pendant combien d’années ils resteront impliqués au sein de l’entreprise qu’ils ont vu fleurir, mais ils se plaisent à partager leurs connaissances à la relève et à garder le contact avec la clientèle fidélisée au fil des années.
Devoir accompli
C’est le 21 avril 1981 que Michel Gaudette est devenu propriétaire des Serres Gaudette. Sa future épouse s’est ajoutée à l’entreprise peu après et, tout près de 40 ans plus tard, le couple laisse place à la jeune génération. « En 40 ans, il s’en est passé des choses! Il y a eu des bons coups et des moins bons, mais on a toujours gardé le focus sur notre créneau, la clientèle de détail, et on a toujours cherché à avoir des nouveautés et des choses qui ne se font pas ailleurs », commente Anne Larivière. Sa fierté est d’avoir su garder un service personnalisé auprès de la clientèle qui revenait année après année.
Dur à croire aujourd’hui, mais même si elle était fille d’agriculteur, Mme Larivière n’avait pas l’horticulture dans le sang lorsqu’elle a marié Michel Gaudette. Elle a quand même acquis son expérience avec le temps. « J’étais partie de rien, mais le projet de mettre les mains dans la terre ne m’a pas déplu. Alors, ça ne nous fait pas peur que les nouveaux propriétaires n’aient pas d’expertise là-dedans parce qu’on sait que s’ils ont la passion, l’ouverture d’esprit, de la bonne volonté et qu’ils savent où aller chercher des connaissances, ils seront en affaires eux aussi! »
Si le nom des nouveaux propriétaires des Serres Gaudette n’est pas encore dévoilé publiquement, c’est qu’ils souhaitent encore demeurer discrets tant qu’ils n’ont pas pris leurs aises au sein de l’entreprise. « En ce moment, ils mettent nos chaussures, mais l’été prochain, ils auront leurs propres souliers et seront plus à l’aise de parler », estime le couple. Dans l’immédiat, il y a beaucoup à faire, dont la saison qui est commencée depuis peu. « On est prêts à vous recevoir en ce moment! », conclut-on avec enthousiasme.