Selon le communiqué émis par la Ville, l’ajout d’horodateurs à cet endroit, tarifés du lundi au vendredi de 8 h à 18 h, permettra « d’assurer une meilleure régulation des espaces de stationnement » et « d’encourager l’utilisation du transport alternatif à l’automobile puisque ce secteur est bien desservi par le transport collectif et la piste multifonctionnelle ». Si les institutions impactées par la décision – notamment la Faculté de médecine vétérinaire (FMV), l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) et le Cégep de Saint-Hyacinthe – ont été informées de l’implantation des horodateurs, elles n’ont pas été consultées au préalable.
Une décision qui suscite la grogne des institutions, du moins en coulisse. Le 13 mai, la page Facebook de la FMV indiquait que « [c]’est sans surprise que cette décision est mal accueillie par la communauté facultaire, particulièrement nos étudiants », invitant ses étudiants à voter massivement à la question de la semaine du COURRIER au sujet des horodateurs. L’appel a visiblement été entendu puisque sur plus de 1500 votes, plus de 96 % des répondants se sont dit en défaveur.
Les commentaires entendus accusent la Ville de « venir piger dans les poches des étudiants pauvres » et décrient le manque d’espaces de stationnement, notamment à la FMV, ce qui rendrait impossible pour tous ceux qui se stationnent dans la rue d’aller ailleurs. La fréquence des bus dans le secteur a aussi été jugée largement insuffisante par d’autres utilisateurs pour les convaincre de troquer l’auto pour le transport en commun. L’autobus est même carrément à oublier pour les étudiants qui demeurent en périphérie de Saint-Hyacinthe et qui n’ont pas le choix de s’y rendre en voiture.
« On était conscients au conseil qu’il y aurait des petits remous, mais le but du conseil est d’encourager les gens à se stationner dans la cour des institutions pour libérer les rues et d’encourager les étudiants à s’y rendre par d’autres moyens », affirme le conseiller André Beauregard, rêvant de voir davantage de jeunes opter pour l’autobus, quitte à augmenter sa fréquence de passage si la demande devient plus importante.
Au-delà de la volonté de favoriser le transport actif et collectif, le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, a aussi insisté sur l’idée que ce n’est pas à la Municipalité d’offrir du stationnement gratuit sur rue et d’en assumer les frais. Il y voit une question « d’équité » avec les institutions d’enseignement de la rue Sicotte, qui disposent quant à elles d’espaces de stationnement payants. « C’est surprenant, les institutions facturent leurs stationnements, mais ne veulent pas que la Ville fasse de même? », ironise pour sa part M. Beauregard.
M. Bilodeau a souligné que l’argent recueilli par les horodateurs sera investi dans le secteur puisqu’un projet pour le Quartier des études supérieures est en préparation depuis quelques années déjà, sans qu’on sache exactement de quoi il s’agit.
Débat politique à prévoir
Si le conseil actuel n’éprouve pas de malaise à installer des horodateurs dans le Quartier des études supérieures, le nouveau parti Saint-Hyacinthe Unie s’est rapidement positionné contre cette décision.
La cheffe du parti et candidate à la mairie, Marijo Demers, est elle-même enseignante au Cégep de Saint-Hyacinthe et s’explique mal cette décision. « Nous nous demandons si une décision aussi impopulaire aurait pu être prise dans un autre district. » Elle fait référence au fait qu’Hertel-Notre-Dame, où se trouve le Quartier des études supérieures, est sans conseiller municipal depuis le décès de Nicole Dion Audette en avril 2020.
Marijo Demers dénonce aussi « l’approche non transparente » du conseil dans ce dossier, d’autant plus que les institutions ont été mises devant le fait accompli. « Est-ce que la Ville a fait un état des lieux avant de prendre sa décision? Y a-t-il des alternatives avant d’en arriver à cette mesure pénalisante pour tous ceux qui doivent se stationner sur Sicotte, qui ne sont pas tous des étudiants? »
« Pas de commentaires »
Malgré sa publication invitant massivement la population à s’exprimer contre la nouvelle mesure de la Ville, la FMV hésite à donner ouvertement sa position sur la question des horodateurs.
La doyenne, Christine Theoret, devait parler au COURRIER vendredi avant que cette entrevue soit reportée… puis annulée. « Pour le moment, la Faculté n’a pas de position officielle à transmettre », a finalement dit l’adjointe de la doyenne, renvoyant la balle à l’Université de Montréal. « La Faculté a entamé avec la Ville des discussions [et] celles-ci se poursuivent. L’enjeu de la mobilité est un enjeu important pour nous, nous suivrons l’évolution de la situation avec intérêt », a simplement commenté Genevière O’Meara, porte-parole de l’Université de Montréal.
L’ITA et le Jardin Daniel A. Séguin se sont aussi faits avares de commentaires. « Comme il s’agit d’une décision de la Ville de Saint-Hyacinthe, on ne souhaite pas commenter », affirme-t-on du côté de l’ITA.
Avec la collaboration de Rémi Léonard.