27 mai 2021 - 07:00
Claude Corbeil tire sa révérence
La tête haute
Par: Martin Bourassa
Le maire de Saint-Hyacinthe ne sollicitera pas un troisième mandat en novembre. C’est tout sauf une surprise. Et il ne faut pas y voir la crainte de devoir défendre son bilan contre l’aspirante Marijo Demers, cheffe du parti Saint-Hyacinthe Unie, ou quiconque. Son idée était faite depuis longtemps.

Au terme d’une entrevue éditoriale qu’il m’avait accordée lors de la campagne de 2017, Claude Corbeil m’avait confié, à micros fermés, que ce serait son deuxième et dernier mandat quoiqu’il advienne. Il a tenu promesse. C’est un trait de sa personnalité d’ailleurs.

Même s’il est encore tôt pour faire le bilan définitif des années Corbeil, son passage aura permis d’opérer un changement radical dans les affaires municipales avec une philosophie entrepreneuriale portée sur l’investissement, voire la dépense.

Ce faisant, son règne de huit ans aura permis de rompre de façon spectaculaire avec l’ère de son prédécesseur Claude Bernier, un règne de 20 ans dont on retient entre autres la naissance d’une grande ville fusionnée, l’effacement salutaire d’une dette de 80 M$ et les premiers pas (assurés ou pas) dans la biométhanisation.

Mais c’est en partie le bon ordre laissé par M. Bernier dans les finances publiques municipales qui aura permis à Claude Corbeil de se démarquer autant et si rapidement.

Car Claude Corbeil ne s’en est jamais caché, il s’est lancé en politique avec l’idée de faire prospérer sa ville sur tous les plans et tous les fronts, même si tous ses efforts n’ont pas eu d’impacts significatifs, ou si peu à ce jour, sur la taille de la municipalité.

Plusieurs de ses décisions ont été motivées par la création de richesse collective, parfois trop au goût du milieu communautaire. Certains lui ont reproché d’être plus à l’écoute des entrepreneurs privés que des préoccupations élémentaires des simples citoyens, particulièrement au centre-ville. Les projets immobiliers qui se multiplient, la création de la zone centre-ville riveraine et la tentative de piétonnisation de la rue des Cascades ont été salués par les uns et décriés par les autres. Peu importe, le maire a toujours gardé le cap.

Dès son entrée en politique, Claude Corbeil avait annoncé ses couleurs entrepreneuriales, lui dont le premier engagement était de régler le conflit de travail à l’Hôtel des Seigneurs pour assurer la relance du tourisme d’affaires. Son élection n’a rien réglé, mais il aura été l’artisan de la décision de la Ville de Saint-Hyacinthe d’investir 38 M$ dans la construction d’un centre de congrès municipal. Une façon coûteuse de respecter une promesse, mais personne ne peut mettre en doute la pertinence du geste posé au moment où il a été fait. Ce serait autre chose en 2021, mais c’était la chose à faire il y a six ans.

Le développement du secteur commercial au nord de la ville et, dans une certaine mesure, l’exode des professionnels du centre-ville en sont la preuve éloquente. Et c’est ainsi que la grande réalisation de son premier mandat a orienté la direction du second, dans la mesure où les derniers quatre ans ont été consacrés à essayer d’enrayer les effets pervers du premier.

Pour revitaliser le centre-ville, la Ville a investi dans le Marché public, mis la table au projet de Groupe Sélection, lancé son pôle culturel et sa grande bibliothèque et fait rêver en couleur les Maskoutains avec une promenade Gérard-Côté revampée au coût pharaonique de 30 M$ pour laquelle on espère des subventions d’au moins 20 M$. Claude Corbeil n’a jamais manqué d’ambitions, voyez-vous.

Cela dit, il laissera quand même plus de bons que de mauvais souvenirs. Il n’était pas le plus charismatique et éloquent des maires, mais il a fait bouger la Ville, l’a fait progresser. C’est ce qu’on attend d’un élu après tout, pas qu’il se transforme en majorette!

On lui pardonnera même au passage son incapacité à s’affranchir de la direction générale, l’ÉNORME échec de la campagne image de marque et sa volonté de vouloir municipaliser l’aérodrome de Saint-Hyacinthe. Il peut quitter la tête haute.

La semaine prochaine, il sera question de sa succession. ß

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