C’est via une demande d’accès à l’information que Radio-Canada a été le premier média à mettre la main sur le fameux rapport, que LE COURRIER a également pu consulter. L’inspecteur du MAPAQ a noté que Les Porgreg, située sur le chemin du Rapide-Plat Sud à Saint-Hyacinthe, contrevenait à plusieurs règles de sécurité et de bien-être de ses animaux, incluant une densité d’animaux trop élevée dans certains parcs eux-mêmes souillés par la présence de fumier, une ventilation inappropriée et la présence de mouches dans la section de mise bas. L’inspecteur demandait aussi d’« euthanasier rapidement un animal moribond » trouvé sur place.
Bonne nouvelle, un suivi a été réalisé le 16 mars 2020 pour constater que les recommandations de l’inspecteur ont été suivies à la lettre. Aucune mouche ni larve de mouche n’a été trouvée lors de cette seconde visite, la ventilation a été améliorée et les porcs étaient moins entassés. « [Cette] entreprise comble les besoins de ses animaux pour l’aspect du bien-être animal », écrivait l’inspecteur au terme d’une visite d’une heure.
Il semble tout de même que ce ne soit pas par hasard que les militants du groupe Direct Action Everywhere (DxE) ont ciblé cette porcherie, diffusant partout dans le monde des images qui frappent l’imaginaire et martelant que c’est à quoi ressemble une « ferme familiale canadienne », pour démolir l’image que les animaux de ferme sont mieux traités au Canada qu’ailleurs.
Si le milieu de la production porcine s’était rapidement rallié à la cause de la porcherie visée et avait exigé une loi plus costaude pour punir ceux qui seraient tentés de manifester illégalement chez un producteur, il se fait avare de commentaires maintenant que Les Porgreg a été blâmée par le MAPAQ. Le président par intérim des Éleveurs de porcs de la Montérégie, François Nadeau, a été invité à commenter le fait que les conditions de vie des porcs ont vraisemblablement été améliorées grâce à l’inspection qui a suivi l’invasion des militants, mais il a simplement répondu, par l’entremise de sa secrétaire, qu’on « encourage les gens qui pensent que certaines porcheries ne respectent pas les normes à faire appel aux instances qui existent pour les dénoncer ». Cette position avait également été partagée par le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval.
Procès à l’automne
Le procès par voie sommaire des 11 coaccusés dans le dossier de l’entrée par effraction chez Les Porgreg n’a pas encore eu lieu au palais de justice de Saint- Hyacinthe, mais on devine que la sortie de ce rapport donnera des munitions aux avocats des activistes, qui considèrent leurs actions comme héroïques et non criminelles. La prochaine date au dossier est le 18 octobre.