« Nous sommes vraiment attristées que ces choses-là soient arrivées, de commenter Sr Pauline Vertefeuille, porte-parole des Sœurs de Saint-Joseph, en réaction à la découverte choquante de tombes anonymes à Marieval, des enfants autochtones dans la plus vaste proportion. Nous sommes parties prenantes de cette histoire, mais nous n’étions pas les gestionnaires de ce pensionnat. Nos religieuses étaient là dans le but ultime d’enseigner à ces enfants. C’était la volonté du gouvernement de leur donner une éducation. »
Quelques sœurs de Saint-Joseph seraient arrivées à Marieval, sous l’instance de Mgr Adélard Langevin, évêque du diocèse de Saint-Boniface à cette époque. Certaines religieuses avaient alors pris la route de Lorette, au Manitoba, et d’autres, celle de Marieval. Ce sont les pères Oblats, arrivés dans la région en 1898, qui ont fondé plusieurs pensionnats autochtones dans l’Ouest canadien, dont en Saskatchewan. Le pensionnat de Marieval a ainsi été construit en 1899 par des missionnaires. Le gouvernement fédéral a financé le pensionnat à compter de 1901 et il l’a administré dès 1969. L’établissement a été fermé en 1997, après avoir été sous la responsabilité de la Première Nation de Cowessess pendant 10 ans.
« Les jeunes autochtones retournaient chez eux l’été, c’était ce qu’on appelle une école résidentielle. Nous nous occupions de leurs soins, de les nourrir et de leur enseigner. Si la volonté de l’église et du gouvernement était de les assimiler de manière intense, croyez-vous vraiment que les religieuses savaient cela? Nos sœurs y sont allées de bonne foi », ajoute Sr Vertefeuille.
« Sans le savoir et sans le vouloir, elles [les religieuses de la communauté] ont participé au mouvement de colonialisme instauré à l’époque et ainsi contribué à la perte d’identité que dénoncent, avec raison, les Premières Nations », peut-on lire dans le communiqué de presse officielle produit par les Sœurs de Saint-Joseph, vendredi dernier.
Face à ces tombes anonymes et au sort de leurs enfants, les Premières Nations vivent colère et tristesse. « Le monde nous regarde pendant que nous dévoilons les horreurs du génocide, déclarait aux médias canadiens Bobby Cameron, le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines, qui représente les 74 Premières Nations de la Saskatchewan. C’est un crime contre l’humanité. Ce fut une attaque contre les peuples des Premières Nations. »
Recherche de vérité
Visiblement ébranlées par cette controverse, les religieuses des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe se posent plusieurs questions depuis cette découverte. Pourquoi les tombes étaient-elles anonymes? De quoi au juste sont morts ces enfants? « Est-ce qu’il y a eu des sévices? Comment pouvons-nous le savoir après tant d’années? Comment cela se fait-il que certains soient décédés? Y a-t-il eu une épidémie? », s’est questionnée Sr Vertefeuille en entrevue avec d’autres médias, en plus du COURRIER.
Souhaitant que la vérité soit faite sur la réalité du pensionnat autochtone et sur ces tombes anonymes à Marieval, les Sœurs de Saint-Joseph ouvrent au public leurs archives déposées à la Société historique de Saint-Boniface (SHSB), au Manitoba.
« Nous sommes très conscientes de toute la tristesse qui est vécue par les membres de la Première Nation de Cowessess et nous espérons vraiment que la vérité soit levée sur cette affaire. Nous suivrons le processus de très près et nous ferons face à nos obligations », conclut Sr Pauline Vertefeuille.
Les Oblats se sont excusés en 1991 pour leur rôle dans le système des pensionnats autochtones, ce que l’Église catholique n’a toujours pas fait malgré les appels du premier ministre Justin Trudeau en ce sens.
Les dernières religieuses de Saint-Joseph qui ont œuvré à l’école résidentielle de Marieval ont quitté en 1979.