Daniel Bourgault, résident du Domaine sur le Vert depuis 2012, fait partie de ceux qui sont loin d’être satisfaits de la dernière mouture présentée par Gestion Rodier, qui augmente plus que prévu la densification et qui ajoute de nombreuses cases de stationnement extérieur au détriment de la verdure. « Au départ, le projet du Domaine sur le Vert nous avait enchantés : on nous promettait des parcs, un sentier pédestre, un jardin linéaire… Depuis, ça a évolué, le golf a disparu, on n’a jamais eu ce qu’on nous a vendu et on nous en demande encore plus », insiste-t-il.
Il blâme aussi la Ville pour avoir donné son aval à ce projet qui « avait le potentiel d’être un des plus beaux à Saint-Hyacinthe », mais que l’administration « a laissé aller ». Selon M. Bourgault, le développement est déjà affublé du surnom de « Domaine sur le Bitume ».
Après avoir fait la tournée des résidents du secteur touché, il a remarqué qu’il était loin d’être le seul à être en désaccord avec la nouvelle tangente du Domaine sur le Vert. En tout, ce sont 292 signatures qui ont été recueillies pour une demande de tenue de registre concernant la zone 9010-H-12 (à proximité de l’intersection de la rue du Vert et de l’avenue des Golfeurs).
« J’ai été surpris de constater que même les locataires réagissaient autant que les propriétaires. Plusieurs ont fait preuve de sensibilité face à l’environnement et ils croient que d’ajouter autant de voitures sur le Domaine n’a pas de sens. » Les signatures ont été remises à la Ville le 22 juin. « La balle est maintenant dans le camp de la Ville », lance Daniel Bourgault.
Retour en arrière impossible
Le conseiller municipal du district Douville (dans lequel se trouve le Domaine sur le Vert depuis 2017), André Beauregard, se désole de voir que les résidents espèrent encore un retour au projet initial, chose qui n’arrivera jamais, selon lui.
« Il y a de fausses informations qui circulent voulant que le Domaine sur le Vert pourrait revenir à ce qu’il était au début. Ce n’est plus possible, tout ce qu’on peut faire est d’essayer de favoriser le développement le plus humain possible. Je sais que ce n’est pas idéal, mais on n’a plus le choix. » Il avait demandé aux citoyens de ne pas bloquer ce projet de règlement, sans quoi le promoteur risquerait de faire « pire », en respectant la réglementation déjà en vigueur.
De son côté, Dominic Rodier, président de Gestion Rodier, trouve bien dommage que ce projet, qui « s’intégrait bien dans le secteur », ne soit pas appuyé par les résidents. « On fait le travail du mieux que l’on peut avec le contexte dans lequel on est. C’est dommage, mais le projet tel qu’entamé en 2006 est un échec parce qu’il n’a pas intéressé le marché », tranche-t-il.
Après « plus de trois ans » d’échanges avec le Service de l’urbanisme de Saint-Hyacinthe pour améliorer le projet, le promoteur assure que la mouture qui était soumise à l’approbation référendaire était la dernière. « Ce n’était pas dans l’intérêt des résidents de refuser ce projet. On voulait au moins préserver l’esthétisme architectural dans le Domaine sur le Vert, mais ça sera difficile à faire maintenant. »
Daniel Bourgault ne croit pas aux propos du promoteur et du conseiller municipal. « On nous dit que si on n’accepte pas ça, on va avoir pire. Qu’est-ce qui peut être pire que ça? » Il n’a pas l’intention de « signer un chèque en blanc » à Gestion Rodier pour la prochaine phase du Domaine sur le Vert et compte mettre la pression sur les élus municipaux pour qu’ils écoutent les désirs d’un développement plus durable de la part de plusieurs résidents maskoutains. « Investir dans le développement durable, ça se fait à condition d’avoir de la volonté. La population est rendue là, mais les élus ne le sont pas encore », soutient-il.
Un enjeu électoral?
Le résident du Domaine sur le Vert espère que ce dossier deviendra un enjeu aux élections municipales de novembre. André Beauregard s’attend également à ce que ce le soit dans Douville. « C’est un dossier chaud qui pourrait bien me coûter mes élections », lance-t-il au moment où aucun autre candidat n’a été annoncé dans son district.
Quoi qu’il en soit, le conseiller municipal confirme que la Ville a bien reçu les signatures et que le conseil n’ira donc pas de l’avant avec le projet tel que présenté. « On va faire avec ce qu’il y a [comme réglementation] », conclut pour sa part Dominic Rodier.