Le président de Volailles des Cantons, Martin Dion, a lancé un cri du cœur afin que les règles soient révisées pour les rendre plus équitables pour les abattoirs de plus petite taille. « Il faut laisser la chance aux nouveaux joueurs d’émerger sainement dans le secteur de l’abattage et de la transformation de la volaille », indique-t-il. L’entreprise familiale, située à Sainte-Hélène-de-Bagot, élève, abat et transforme ses poulets. M. Dion souhaiterait pouvoir transformer la totalité des oiseaux qu’il élève.
conflit chez Exceldor
La crise d’Exceldor et celle de la COVID-19 démontrent qu’en matière d’alimentation, il devient plus que jamais nécessaire d’avoir plusieurs fournisseurs et plus d’agilité au sein de la filière avicole. Le système de gestion de l’offre a fait ses preuves et assure un niveau juste de production afin de répondre à la demande des consommateurs. « Olymel et Exceldor ont à eux seuls 96 % des volumes d’approvisionnement garanti. Cette forte concentration des capacités d’abattage qui est entre leurs mains nuit au système et empêche l’émergence de nouveaux acteurs viables dans ce secteur. Si cela continue d’être toléré, le Québec deviendra vulnérable à de nouvelles ruptures d’approvisionnement et cela met potentiellement en péril notre autonomie alimentaire », illustre Martin Dion.
Avant le conflit, la quarantaine d’employés de l’abattoir hélénois traitaient entre 8000 et 10 000 poulets à raison de trois jours par semaine, alors que le nombre a depuis grimpé à 14 000 oiseaux à cinq jours par semaine. « Le poulet est une protéine de qualité à prix accessible pour toutes les familles québécoises. On doit éviter que la concentration au niveau de l’abattage ne permette pas aux éleveurs de remplir leur contrat social », dit-il.
Les rôtisseries supportent
Les restaurateurs Groupe St-Hubert et Benny&Co appuient les demandes de Volailles des Cantons.
Le directeur des achats corporatifs chez Benny&Co, Marc-Antoine Benny, affirme que les rôtisseries aiment avoir plus de choix quant à l’offre de poulet. « Le modèle que nous avons ne laisse pas place à l’innovation en ce qui a trait aux méthodes d’élevage différentes ou à l’élevage de diverses variétés de poulet. Le système tel qu’il est aujourd’hui empêche la traçabilité de notre produit », souligne-t-il. Les 67 restaurants de cette chaîne servent plus de 50 000 poulets par semaine.
« Nous ne sommes pas en pénurie présentement, mais nous vivons au jour le jour. C’est lorsqu’on fait face à ce genre de crise que nous voyons que le système ne convient plus au contexte actuel », poursuit Marc-Antoine Benny.
Le président du Groupe St-Hubert, Richard Scofield, affirme « qu’il est grand temps que la répartition des volumes d’approvisionnement garanti soit révisée afin que d’autres entreprises puissent répondre aux besoins des différents joueurs de l’industrie ».