C’est même une légère baisse qui a été constatée cette année, mais le maire a tout de même annoncé que le financement de projets importants, comme l’étagement ferroviaire actuellement en construction dans l’axe du boulevard Casavant ou l’aménagement de la future bibliothèque municpale, se ferait bientôt sentir sur l’état de la dette. Par la même occasion, il assurait également que le conseil demeure « déterminé à contenir le niveau d’endettement de la Municipalité en bas de 80 M$ ».
Sans projection, il devenait toutefois difficile d’évaluer la marge de manœuvre dont disposent réellement les élus. Si elle n’a pas été présentée au budget, l’information était toutefois livrée deux semaines plus tôt dans le document de présentation du programme triennal d’immobilisations (PTI), disponible en ligne sur le site de la Ville.
Un 80 M$ pas si lointain
Reproduite ici, cette projection révèle que le « plafond symbolique » de 80 M$ est en voie d’être atteint aussi rapidement qu’en 2024, et qu’il pourrait même être dépassé. Comme toute projection, cette courbe doit surtout être vue comme une indication de la tendance à venir. Plusieurs facteurs peuvent toujours faire varier la situation, comme le choix des sommes allouées chaque année au remboursement de la dette, par exemple. En 2021, le service de la dette accapare un peu plus de 16 M$ sur un budget total de 114,7 M$. Par ailleurs, on doit constater sur le graphique que la dette indiquée pour 2020 atteint 40 M$, alors que, dans le réel, nous sommes déjà à 44,8 M$.
En entrevue après le dépôt du budget, le maire avait effectivement évoqué l’année 2024 comme celle où la dette atteindrait un plateau. Il maintient toutefois coûte que coûte l’objectif de rester sous les 80 M$, et ce, même si des projets comme le réaménagement complet de la promenade Gérard-Côté devaient venir s’ajouter aux investissements prévus. L’obtention de subventions gouvernementales demeure la condition à la réalisation de ce projet de 33 M$, a-t-il rappelé.
La projection a été présentée aux élus en rencontre plénière le 26 octobre, indique le document. En regard de la dette projetée, une mise en garde leur est d’ailleurs clairement adressée : « il importera donc d’être extrêmement vigilant et de bien établir le rythme d’investissements souhaité et la manière dont on entend financer ces projets pour limiter l’impact sur le compte de taxes des contribuables », est-il inscrit.
Et si on se compare?
Le maire Corbeil avait toutefois raison de rappeler que l’endettement de la Ville de Saint-Hyacinthe demeure actuellement à un niveau enviable par rapport à d’autres municipalités comparables. Les données disponibles à ce chapitre provenant du Ministère des Affaires municipales placent en effet Saint-Hyacinthe environ 30 % sous la moyenne des municipalités comptant une population comprise entre 25 000 à 100 000 habitants, d’après l’indicateur utilisé.
L’endettement total net à long terme atteint en effet 1,50 $ par 100 $ de richesse foncière uniformisée à Saint-Hyacinthe, selon les chiffres de 2018. À titre comparatif, on parle de 1,92 $ pour Drummondville, 2,02 $ à Sorel, 1,73 $ à Saint-Jean-sur-Richelieu et 1,32 $ à Granby.
Reste à voir quelle sera la situation dans quelques années, quand la dette aura pratiquement doublé par rapport à aujourd’hui, si on se fie à la projection présentée.
Dans tous les cas, l’essor de la dette est considérable, sachant qu’elle s’établissait à 21,2 M$ pas plus loin qu’en 2017. Les grands projets comme la construction du centre de congrès ou l’acquisition du bâtiment qui abritera la future bibliothèque se sont ensuite ajoutés au tableau.
Historiquement, la dette maskoutaine s’est maintenue à un niveau relativement bas dans les 15 dernières années. Après les fusions de 2002 avec Saint-Thomas-d’Aquin et Sainte-Rosalie, la dette de l’ex-Ville de Saint-Hyacinthe (excluant donc les dettes de secteur et celle de la nouvelle Ville) a même été complètement effacée en 2007 durant le mandat du maire Claude Bernier.
Selon nos archives, ce redressement avait été amorcé en 1989, un effort qui s’est donc étalé sur près de 20 ans et qui aura permis d’effacer une dette accumulée de… 80 M$.