19 août 2021 - 07:00
Canada 2021
Voter en pleine pandémie
Par: Martin Bourassa

C’est fait, le premier ministre du Canada a sabordé son gouvernement minoritaire et précipité le pays en élections. Nous irons voter le 20 septembre.

Justin Trudeau en a décidé ainsi, même si on dit que personne en dehors des troupes libérales ne souhaitait une élection générale en pleine pandémie, à l’aube d’une quatrième vague qui s’annonce virulente. Il est pourtant bien difficile de déchirer sa chemise à l’idée d’aller voter à la fin septembre. Des élections, il y en aura même dans toutes les municipalités du Québec en novembre alors qu’on sera peut-être dans la vague jusqu’au cou.

Des élections provinciales, il y en a aussi eu dans d’autres provinces canadiennes depuis le début de la pandémie. Ce fut entre autres le cas en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, et pas plus tard que mardi en Nouvelle-Écosse. Les troupes conservatrices qui tiraient de l’arrière par plus de 28 points dans les sondages il y a 10 semaines à peine ont comblé l’écart et renversé le gouvernement libéral sortant qui était minoritaire. Un exploit qui prouve que tout peut arriver. Alors, peut-on tout de même taxer les libéraux fédéraux d’opportunisme? Absolument.

Mais pour un parti qui aspire au pouvoir ou à s’y enraciner comme les libéraux le souhaitent, l’opportunisme doit être davantage vu comme une qualité qu’un vilain défaut. Pandémie ou pas, c’était écrit dans le ciel depuis la soirée électorale du 21 octobre 2019 que ce gouvernement ne se rendrait pas au bout du voyage. C’est le lot des gouvernements minoritaires et également le luxe de ceux-ci, souvent, de pouvoir décider du bon moment pour lancer les dés.

À quinze sièges de la majorité à la dissolution de la Chambre, les stratèges libéraux ont vu s’ouvrir une fenêtre d’opportunité pour obtenir le plein contrôle sur la destinée du pays, et ce, même si le chef libéral assure que l’enjeu de cette élection est de permettre aux citoyens de choisir la voie à suivre afin de sortir de la crise provoquée par la pandémie. Pour l’instant, la voie à suivre nous apparaît assez évidente. Elle passe par la vaccination à grande échelle. La sortie de crise semble encore bien lointaine.

Selon les sondages, le Parti libéral est actuellement bon premier dans les intentions de vote. Sa coûteuse gestion de la pandémie, après un début chaotique, lui a finalement souri. Il a aussi décidé de prolonger les programmes d’aide jusqu’en octobre et même au-delà de façon à bien aligner les astres et les bulletins de vote. Cela dit, le pari d’une élection anticipée n’apporte aucune garantie de majorité. La performance du Bloc québécois en 2019, voire sa résurrection, au détriment des néo-démocrates, est un obstacle de taille vers un gouvernement majoritaire, peu importe sa couleur. Et rien n’indique son déclin en 2021, même que le chef bloquiste vise à ajouter 8 députés de plus aux 32 actuels.

Dans Saint-Hyacinthe–Bagot, le député sortant Simon-Pierre Savard-Tremblay part largement favori, lui qui n’avait fait qu’une bouchée de la néo-démocrate Brigitte Sansoucy en 2019. Parfait inconnu il y a deux ans à peine, le bloquiste est devenu un visage familier, omniprésent.

De retour pour un match revanche, Mme Sansoucy ne manque pas de conviction, elle qui avait même été coiffée au fil d’arrivée par le libéral René Vincelette aux dernières élections. En voilà une qu’on ne pourra jamais accuser d’être opportuniste. On persiste à croire que le chemin vers la mairie de Saint-Hyacinthe aurait été moins périlleux pour elle.

Le candidat conservateur André Lepage aura fort à faire pour réussir là où a échoué Bernard Barré en 2019. Bonne chance s’il veut rallumer une étincelle à partir des braises conservatrices de la région. Du côté libéral, on a connu un faux départ de campagne. La candidate Caroline-Joan Boucher n’est apparue sur le radar qu’hier matin (mercredi). Dans les coulisses libérales du comté, on chuchote que quatre gros noms auraient décliné l’invitation avant elle. La venue de Mme Boucher comble en tout cas un vide.

Une course électorale déclenchée par le parti au pouvoir qui n’avait aucun candidat annoncé dès le départ dans notre comté, c’était pour moi une première.

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