« Tu n’es même pas obligé d’en parler [dans ton article], je suis vraiment passée à autre chose », lance-t-elle à propos de la fin de son association avec Musicor dans un entretien téléphonique accordé au COURRIER.
En toute lucidité, et avec une certaine résilience, Geneviève Jodoin comprend les raisons qui ont mené à cette décision d’affaires dans le contexte particulier que l’on traverse. « Je ne suis pas fâchée ni amère. Je ne suis pas seule dans ce bateau », reconnaît-elle.
Redevenue artiste indépendante, comme elle l’a été tout au long de sa carrière avant son couronnement à La Voix en 2019, Geneviève Jodoin ne se plaint pas de son sort et compte poursuivre son parcours musical ainsi.
« Je n’ai jamais cherché de maison de disque. Ça a toujours été une chose avec laquelle je n’étais pas à l’aise et la preuve, c’est que ça n’a encore pas marché. Ce n’est pas mon karma. Dans la vie, j’aime faire les choses à ma manière et peut-être que ça ne marche pas dans un cadre de maison de disque, affirme au bout du fil celle qui opère l’Auberge La Fascine, à l’Isle-aux-Coudres, dans Charlevoix, en plus de mener une carrière de chanteuse. J’ai été contente le temps que j’ai été avec eux [Musicor], on a fait de super belles choses et je garde contact avec eux, on n’est pas en chicane. C’est juste la réalité aujourd’hui. »
Ce qui l’a davantage affectée au cours des derniers mois, ce sont les impacts de la pandémie sur la grande tournée qui devait être lancée en 2020. Elle devait sillonner les routes du Québec pour la première fois depuis La Voix. Après avoir été reportées à maintes reprises, plusieurs dates sont tombées. Cela lui fait toutefois apprécier d’autant plus chaque spectacle qu’elle donne depuis quelques mois.
« La pandémie, comme pour plein d’autres artistes, a coupé quelque chose qui avait pris son envol. On a été obligé de retarder tellement de shows que ça a changé la trajectoire du spectacle et même la façon dont on le présente. Au début, ça devait être big et finalement, depuis un an et demi, on l’a tellement joué en formule réduite qu’on a pris goût à cette formule-là. »
Sur scène, la chanteuse s’accompagne à la guitare, mais aussi au piano, un instrument avec lequel elle a renoué durant le confinement. Elle compte également sur la présence de son amoureux, Frédéric Boudreault, à la basse et la podorythmie, de Frédéric Desautels à la guitare, puis de Pascale Croft au violon et aux chœurs.
« Je pense que ça rend service aux chansons [de jouer dans cette formule] parce que, pour moi, les mots sont tellement importants, donc le fait que ce soit plus dénudé, qu’il n’y ait pas de batterie sur le spectacle, on peut bien comprendre les textes et je pense que les gens l’apprécient. J’ai tellement d’histoires à raconter pendant le spectacle de toute façon que ça rend juste le spectacle encore plus intimiste. Ça donne l’impression qu’on est dans notre salon et ça garde l’essence de ce que j’ai toujours fait. C’est comme un mal pour un bien. »
De passage au Centre des arts
Pour la première fois depuis qu’elle a remporté La Voix, Geneviève Jodoin foulera enfin les planches du Centre des arts Juliette-Lassonde lors de deux représentations, les 22 et 23 septembre, dans la salle Desjardins.
« Ça faisait 15 ans que je n’avais pas joué à Saint-Hyacinthe et là, je vais y avoir fait trois shows en un mois », souligne-t-elle en entrevue alors qu’elle venait d’offrir un spectacle privé corporatif en sol maskoutain la veille. « C’est comme ça la vie », ajoute-t-elle.
Les deux soirées qu’elle vivra au Centre des arts Juliette-Lassonde, d’abord prévues l’automne dernier avant d’être reportées en raison de la fermeture des salles de spectacles, auront évidemment une signification particulière pour la native de la région.
« Ça me touche vraiment [de revenir jouer ici]. Je sais que je vais avoir beaucoup de membres de ma famille et d’amis d’enfance qui seront là. Je suis très gênée quand il y a des gens que je connais, alors ça va être plus stressant. »
Ce spectacle, Geneviève Jodoin le voit comme « une espèce de rétrospective » puisqu’elle pigera dans les quatre albums qu’elle a fait paraître jusqu’à maintenant. « Mais il y aura une plus grande place pour J’ai toujours su parce que c’est celui qui me parle le plus en ce moment », indique celle qui a fait paraître les albums G, Amis Chemins et Tableaux depuis 2009.